3.6.1.2 Les principaux freins et justification de la nécessité du travail en équipe au niveau de la direction

S’il est vrai que certains dirigeants sont convaincus de l’apport du travail en équipe sur le fonctionnement positif des entreprises, on remarque qu’assez rares sont les cadres de direction qui adoptent un tel fonctionnement en équipe. Cela est dû à des obstacles qui sont de nature à freiner la formation d’une véritable équipe de direction dont les principaux sont:

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Ainsi remarque-t-on que plutôt que de fonctionner comme une équipe de direction, ces collaborateurs de direction se présentent comme “ une constellation de cadres dévoués à faire leur travail, poursuivant chacun ses objectifs avec une tendance marquée à ériger de petits royaumes à l’intérieur de l’ensemble qu’est l’entreprise ”246. Ce cloisonnement renforcera la lenteur de l’interprétation des signaux , la formalisation de réponses adéquates à ses menaces et de la mise en oeuvre des actions décidées. Pour vaincre les effets négatifs d’une telle pratique, les membres de l’équipe de direction devraient fonctionner réellement comme une équipe et pouvoir le montrer au jour le jour car c’est à ce prix que les efforts fournis dans la mise en place de l’équipe pourraient porter des fruits. Le travail en équipe au niveau de la direction devrait occuper une place centrale dans tout effort de développement des hommes et de l’entreprise.

Un autre élément militant en faveur de la constitution d’une équipe de direction est l’incapacité du modèle de management stratégique traditionnel consistant à “ planifier - exécuter - contrôler ” d’intégrer des attitudes novatrices laissant place à la créativité du fait de sa préférence pour tout ce qui est rationnel et analytique, ne laissant notamment très peu de place à l’intuition. Selon Barnard “ la tâche du dirigeant n’est pas celui d’organiser mais plutôt ce travail spécialisé qui permet à l’organisation d’être constamment opérationnelle ”247 ce qui pour y arriver demande qu’on dépasse largement ce modèle de management stratégique. En outre, un dirigeant qui se référerait au modèle traditionnel stratégique serait en train de priver son entreprise des capacités des collaborateurs de la direction qui ne pourraient apporter de contributions majeures capables de faire face aux changements de l’environnement. Quant à Hurst248, il considère que se fier au seul modèle stratégique traditionnel qui se réfère à la logique et à la rationalité est une manière de passer outre des opportunités pouvant permettre des innovations ou des processus créatifs pour engager des changements fondamentaux qui seuls permettent aux organisations de se renouveler. Pour Masson, toute entreprise devrait “ adopter un modèle de management créatif capable de préparer l’avenir de l’entreprise tout en maintenant un bon niveau de fonctionnement actuel ce qui exige un groupe de cadres capables de voir l’environnement de façon différente et de participer à un processus qui transcende la diversité des vues afin de prendre en compte la réalité complexe de l’organisation ”249. En considérant de façon explicite le "facteur temps", ce mode de management créatif permettra, une fois que l'équipe de direction s'en sera appropriée " d'envisager le changement comme un processus permanent d'apprentissage" 250. Cependant, quoiqu’on reconnaisse généralement l’importance de l’équipe de direction dans le bon fonctionnement de toute l’entreprise, il restera difficile de préconiser les mesures qui facilitent son efficacité dans l’entreprise tant les positions des chercheurs sur ce sujet sont peu tranchées.

Notes
245.

idem, pp 84 - 87

246.

D.C Hambrick, " Fragmentation and the problems CEOs have with their top management team", p 115, California Management Review, vol n°37, n°3, Spring 1995

247.

Barnard in D. K. Hurst et al., " Top management team and organisational renewal", p 88

248.

idem, p 89

249.

Masson in idem, p 88

250.

idem, p 89