3.7.1.3 Féminité/Masculinité

La troisième dimension distinguant les sociétés de par leur culture est l’ambivalence féminité/masculinité. G. Hofstede287 a qualifié de masculine, les sociétés où les rôles sont nettement différenciés. Par contre, sont féminines, celles où les rôles sont interchangeables. Reprenant les travaux de G. Hofstede, H. Bourgoin288 note que dans les sociétés à dominante masculine l'agressivité sera considérée comme une qualité car les gens auront tendance à rechercher en priorité  l’avancement, la supervision du travail des subordonnés, les responsabilités, le salaire et la créativité, tandis que dans les cultures féminines la coopération avec autrui est considérée comme la qualité principale, les travailleurs se montrant attentifs aux bonnes conditions physiques de travail, à la variété, à l’atmosphère amicale et à l’emploi.

Pour montrer le degré de féminité dans les sociétés africaines dont le Burundi, on pourrait se référer à l’observation de Binet qui note que rien dans la société africaine ‘“  ne ressemble à l’orgueilleuse affirmation de soi-même que les civilisations européennes ont reçu des hellènes’ ”289. Notons, cependant, quoiqu’il y ait persistance de cette affirmation, qu’elle n’est plus totalement vraie dans les entreprises où nous avons mené nos travaux de recherche. Des voix s’élèvent et affichent une volonté de voir leur statut valorisé dans l’organisation. Notre société tend à être pour partie masculine et pour une autre féminine. En reprenant les propos de Paul O. Olomo, on voit également que la société africaine est très féminine car il la qualifie “ ‘d’univers oral, essentiellement qualitatif et relationnel’ ”290 ce qui, en reprenant le jugement qu’il lui porte, paraît mal adapté au système de production capitaliste importé.

Dans la société burundaise, le caractère féminin de notre société pourrait être corroboré par des proverbes qui montrent l'existence de jugement négatif, voire décourageant pour les gens qui travaillent dans le but de voir leur travail récompensé ou tout au moins reconnu. A titre d’illustration, nous pouvons citer ces quelques proverbes:

Une telle attitude peut facilement conduire à un nivellement vers le bas des compétences des acteurs de l’entreprise dans la mesure où les gens auront tendance à ne pas donner le maximum d’eux mêmes ou à chercher à s’améliorer dans leur pratique.

Vis-à-vis du dirigeant, qui voudrait promouvoir ses collaborateurs sur la base de leurs capacités professionnelles, il peut être difficile pour lui de juger de leur valeur si l’attitude précédemment évoquée constitue une donnée culturelle importante.

Avant de se poser la question de savoir ce qu’on peut tirer de positif dans les caractéristiques culturelles de notre société, nous allons voir quelle attitude nous avons vis-à-vis de l’imprévu.

Notes
287.

G. Hofstede et D. Bollinger, " Vivre dans un monde multiculturel. Comprendre nos programmations mentales", op cit, p 76

288.

H. Bourgoin, " L'Afrique malade du management", Edition Jean Picollec, 1984, 216 pages

289.

G. Binet in E-M Hernandez, " Le management des entreprises", op cit, p 217

290.

P. Olomo in E-M Hernandez, " Le management des entreprises africaines", op cit, p 110