3.7.1.4 Le contrôle de l’incertitude

Le terme de contrôle de l’incertitude concerne les institutions humaines de tous les pays. Une situation incertaine vis-à-vis du groupe ou de l’individu entraîne une anxiété et pour s’en prémunir les sociétés ont élaboré des moyens tel que la technologie, la loi ou les religions. Dans les pays avec un fort coefficient de maîtrise de l’incertitude, G. Hofstede291 montre que les gens sont plus remuants, émotifs, agressifs et actifs tandis que dans les pays avec faible contrôle de l’incertitude, les gens paraissent plutôt moins agités, décontractés, retenus. Ce degré de contrôle de l’incertitude renseigne sur les stratégies mises en place pour faire face aux situations inconnues et incertaines. H. Bourgoin note qu’en Afrique, le contrôle de l’incertitude est faible et considère que “ ‘l’anxiété se transforme en décontraction passive’ ”292. En outre, comme le souligne E-M Hernandez, cette passivité serait à l’origine de la faible intégration de “ ‘l’univers de la production occidentale’ ”293 qui fait que l’africain n’a pas cette ardeur occidentale “ ‘de bousculer l’ordre des choses, de produire plus pour consommer plus et la nécessité pour cela de soumettre sa vie aux impératifs du temps qui passe et d’entretenir des rapports froids’ ”294. On peut considérer que les entreprises auront tendance à adopter des stratégies passives, au mieux réactives, mais rarement proactives. L’avenir de nos entreprises nous paraît à ce titre inquiétant dans la mesure où elles évoluent dans un monde très hostile et incertain. Ce faible degré de maîtrise de l’incertitude est aussi mis en évidence par la faible acclimatation de la main d’oeuvre africaine à l’activité régulière tout au long de l’année qui s’explique selon J. Giri295 par le fait que cette population était habituée à des rythmes d’activité comportant des pointes de travail parfois très fortes mais aussi de très longues périodes de faible activité.

Le faible contrôle de l’incertitude peut aussi s’analyser à travers les comportements des dirigeants des entreprises africaines. En plus des informations qui manquent cruellement et qui obligent le dirigeant d’entreprise à s’isoler de son propre environnement, celui-ci adopte un mode de gestion très empirico-intuitif et un pilotage au coup par coup, ce qui, bien que pouvant constituer une manière d’accroître leur capacité d’adaptation, limite fortement leur horizon temporel en matière de prévision et d’anticipation.

Notes
291.

G. Hofstede et D. Bollinger, " Vivre dans un monde multiculturel. Comprendre nos programmations mentales", op cit

292.

H. Bourgoin, " L'Afrique malade du management", op cit, p 99

293.

E-M Hernandez, " Le management des entreprises africaines", op cit, p, 27

294.

idem

295.

J. Giri in idem, p 106