4.1.2 Problématique des actions d’innovation

4.1.2.1 Rôles des membres de la direction dans le processus d’innovation

L’innovation est tout changement conçu et réalisé et qui conforte la position concurrentielle d’une entreprise par rapport à ses concurrents et qui permet de maintenir « un avantage concurrentiel sur le long terme »316. En d’autres mots, innover c’est créer quelque chose de nouveau qui répond à un objectif de l’entreprise. Ainsi comme le dit B. Saporta317, l’innovation constitue le seul moyen de créer un potentiel de développement à long terme. Certains seraient tentés de dire que seules les P.M.E. travaillant dans des secteurs de pointe sont capables d’innovation, mais cela serait une façon de se passer d’immenses possibilités d’innovation organisationnelle et difficilement imitables par la concurrence. Cela pourrait être mis en évidence par les différences de productivité entre une entreprise donnée et ses concurrents qui peuvent être élevées pour un même équipement du fait de la faiblesse des méthodes organisationnelles. Comme le souligne B. Saporta «la véritable innovation porteuse doit dépasser le cadre technologique »318. Elle doit donc aussi prendre en compte l’environnement technologique , économique et politique ainsi que sa capacité organisationnelle ainsi que le montre le schéma n°5

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Figure n°5 Stratégie d’innovation
[Note: Source: V.J Vraking, p 95]

L’innovation en matière d’organisation pourrait être comprise comme « le produit des structures rationnelles de prise de décision au sein des entreprises qui se traduit par une transformation d’une idée en une forme nouvelle d’organisation ou système de management »319. La réussite d’une telle innovation nécessite un engagement du dirigeant surtout dans le cas des P.M.E. pour amener l’organisation à accepter l’activité novatrice car il joue un rôle essentiel dans la conception, la mise en application de cette activité et dans la prévision des répercussions possibles.

Le processus d’innovation nécessite donc un groupe chargé de reformuler le problème en vue et d’un chef de projet chargé de donner vie à cette formulation au sein de l’organisation elle-même. La P.M.E. doit donc pour cela impliquer tous les acteurs car comme le dit Dimitri Weiss, l’entreprise est vue comme « un système cognitif qui incorpore et utilise les connaissances de ceux qui en font partie et de ses sujets externes pour produire de la valeur »320.

Lorsqu’on s’interroge sur la place des membres de la direction dans les actions d’innovation on doit insister sur le fait que chacun des membres doit développer à tout instant des capacités lui permettant de:

‘«blabla’
  • analyser en permanence l’environnement,

  • dégager les forces et les faiblesses de l’unité ,

  • évaluer les risques, les menaces qui pourraient remettre en cause la pérennité de l’unité dont il a la charge,

  • détecter les opportunités sur lesquelles il pourrait jouer,

  • établir des schémas directeurs et les plans d’actions pour atteindre les objectifs fixés et

assurer le suivi des actions »321.

On observe cependant que l’influence des membres de la direction sur le processus d’innovation est « tout autant fonction des caractéristiques des dirigeants que des facteurs liés à l’environnement ou à l’organisation »322 . De ces caractéristiques, on note que c’est l’expertise fonctionnelle qui est la plus importante des caractéristiques des membres de la direction dans les différentes sortes d’innovation. Toutefois dans l’innovation organisationnelle, le point dominant reste le niveau de culture. L’influence sur l’innovation organisationnelle sera donc d’autant plus importante que « l’entreprise disposera de compétences internes suffisantes et s’engagera dans un management orienté vers le futur»323. Si cette considération paraît être une limite pour l’innovation dans les P.M.E., spécialement en Afrique, nous estimons que le management socio-économique pourrait, avec le peu de compétences internes dont elles disposent envisager des actions innovatrices avec plus ou moins de succès. Cependant, pour que cela puisse produire des effets tangibles, les dirigeants de P.M.E. devront comprendre qu’il n’y a pas que leurs idées qui sont bonnes à prendre en considération. La réussite de tout projet d’innovation devra cependant initialement requérir l’engagement personnel du dirigeant ne serait ce que pour mieux vaincre les éventuelles résistances au changement.

Notes
316.

W.J Vraking, « The innovative organization », p 95, Long Range Planning, Vol 23, n°2, pp 94-102, 1990

317.

B. Saporta, « Stratégies pour la PME, p 447, Edition Montchrestien, 1986, 447 pages

318.

Idem

319.

M. Brimm, «  La diffusion des innovations en matière d’organisation, p 71, Revue Française de gestion, n°44, Janvier- Février, 1984, pp 68 -79

320.

D. Weiss in Roland Arpin, «  Le mouvement perpétuel en gestion », p 95, «  Gestion », vol 23, n°3, pp 93-97

321.

Yvann Salaün, « Pilotage et management d’une unité: l’analyse des menaces et opportunités », p91, Direction et Gestion, n°136 -137, 1992, pp 91-96

322.

Richard C. Hoffman, W. Harvzy Hegarty, «  Top management influence on innovation: effects of executive characteristics and social culture », Journal of Management, Vol 19, n° pp 549 - 574

323.

idem