4.1.3.2 Réflexion stratégique et dirigeants des P.M.E.

Nombreuses sont les observations qui placent le dirigeant de P.M.E. au centre de la réflexion stratégique. Ainsi, Bamberger considère que « l’élaboration d’une stratégie est par nature, dans son coeur, un processus créatif qui exige des caractéristiques personnelles du dirigeant ou de l’équipe dirigeante»348. Bracker et Pearson (86) et Pearson (88) considèrent que « le comportement de planification dépend de la logique de l’entrepreneur: opportuniste ou artisan »349. Quant à M. Marchesnay350, il souligne que le type de stratégie mise en ouvre est fortement influencé par les buts du dirigeant suivant que ce dernier est orienté vers la croissance ou pas. La décision stratégique sera donc le reflet du processus mental de prise de décision que l’entrepreneur va privilégier. M. Marchesnay et C. Fourcade351 indiquent donc qu’au lieu de s’intéresser aux procédures de planification stratégique, il serait mieux d’essayer d’appréhender le processus mental de prise de décision de la part de l’entrepreneur. Le degré de dynamisme dans les réponses aux variations de l’environnement sera par conséquent fonction du dynamisme même du dirigeant. Cependant, certains travaux nuancent la place accordée aux caractéristiques du dirigeant dans la réflexion stratégique. Ainsi H. Sylvestre et al.352 notent que la décision stratégique est le résultat d’une démarche méthodique en fonction des caractéristiques d’évolution de l’environnement de l’entreprise. En se basant sur un échantillon de 100 dirigeants de P.M.I. de la région Rhône - Alpes, trois types distincts ont été mis en évidence:

‘«blabla’

Pour souligner l’attitude que peut prendre un dirigeant vis-à-vis de l’évolution de l’environnement, Miles et Snow353 ont distingué:

Au niveau des P.M.E. l’attitude adoptée vis-à-vis de la décision stratégique peut effectivement être influencée par les événements qui marquent l’évolution de l’entreprise. Ainsi afin de rendre compte de la place qu’occupe le dirigeant en fonction de l’évolution que peut connaître l’entreprise, Alice Guilhon introduit l’idée de « contrôlabilité » 354 qui s’exprime par la capacité du dirigeant à contrôler le système personnellement et qui opère « une mise en relation des compétences entrepreneuriales et des compétences distinctives intégrées dans un contexte organisationnel propre à chaque P.M.E. »355. D’après cette théorie, la zone de contrôlabilité traduit l’articulation entre les variables de structure ( la forme techno-organisationnelle) , de compétences ( les compétences entrepreneuriales et distinctives) et de performances ( marchés et produits).

Ainsi A. Guilhon distingue quatre formes de contrôlabilité suivant les différents modes de développement de la P.M.E.:

On remarque alors que toute réflexion ou initiative stratégique a tendance à relever des caractéristiques personnelles du dirigeant malgré la mise en garde de H. Laroche et J.P. Nioche qui notent que « la pensée rationnelle du dirigeant n’a pas toute la puissance qu’on lui prête»356. On peut donc dire du fait de la complexité des facteurs qui entrent en jeu dans la prise de décision stratégique que les dirigeants de P.M.E. devraient impliquer certains de leurs collaborateurs dans la réflexion stratégique pour mieux assurer la contrôlabilité de leurs unités et leur permettre un développement équilibré. Cette implication devrait commencer en amont du processus par l’organisation de la surveillance des évolutions possibles de l’environnement.

Notes
348.

Bamberger, «  Le management stratégique dans les PME », p 17, Direction et gestion, n°4 1985, pp 15-26

349.

Bracker et Pearson in R. Calori et al., «  La PME face à la planification stratégique », op cit , p14,

350.

Cfr Chapitre 3, point 3.1.3.2

351.

M. Marchesnay et C. Fourcade, « Gestion de la PME/PMI », op cit

352.

H. Silvestre et al., «  Approche typologique de l’univers stratégique de dirigeants de PMI indépendantes et filiales de groupe de la région Rhône-Alpes »,Rapport de recherche EM Lyon, septembre 1995, 175 pages

353.

Miles et Snow in I. Braguier, «  Etude empirique de l’influence du contexte sur le comportement stratégique des PME », op cit p 6

354.

Alice Guilhon et al. «  PME. De nouvelles approches », pp 60- 67, Economica, 1998, 187 pages

355.

idem p 61

356.

H. Laroche et J.P. Nioche, «  L’approche cognitive de la stratégie d’entreprise », Revue Française de Gestion, n°99, J-J-A 1994, pp 64 - 78