5.1.1. Entreprise A

L’entreprise A est une entreprise industrielle de fabrication de cigarettes. Son activité est assez intégrée dans la mesure où elle s’étend de la culture du tabac à la fabrication des cigarettes en passant par l’achat du tabac auprès des tabaculteurs et à son conditionnement. Le tabac est actuellement cultivé dans les provinces CANKUZO, CIBITOKE et KIRUNDO. On doit souligner que son activité récente a été perturbée par la crise que connaît le Burundi notamment dans la province CIBITOKE et a été interrompue de 1993 à 1997 suite à la crise qui a sévi dans la province. Seule l’unité de conditionnement est restée ouverte.

Propriété d’un industriel étranger, l’entreprise a été nationalisée de 1989 à 1993. Cette période a constitué aux yeux des dirigeants un frein au développement de l’entreprise. Lors de la période de nationalisation, la gestion était assurée par des fonctionnaires nommés par le gouvernement. Les bénéfices réalisés par l’entreprise n’ont cependant pas été versés au Trésor public.

Avant 1993, une activité intense de culture du tabac avait été entreprise en vue de cultiver du tabac destiné à l’exportation à destination du Zimbabwe où il était vendu aux enchères . L’activité a concerné notamment les provinces de MAKAMBA et RUTANA et était jugée très rentable. L’entreprise est parvenue à atteindre une production de 5000 tonnes de tabac sec.

La variété du tabac utilisé pour la fabrication des cigarettes s’appelle « Flue-cured Virginia ». Son séchage se fait dans des fours construits avec l’assistance technique du personnel de l’entreprise. L’activité est consommatrice de bois de chauffage et l’entreprise court le risque de voir son activité bloquée dans la mesure où les trois provinces de production possèdent très peu de réserves de bois. Si une extension de ses activités devait être prévue, un effort devrait être fait en concertation avec le gouvernement en vue de promouvoir l’accroissement et le renouvellement des plantations forestières afin de pouvoir répondre constamment à ses besoins en bois de chauffage. Une telle observation est d’une importance capitale dans la mesure où la couverture forestière est passée de 8% à 5% du territoire national entre 1993 à 2000 suite notamment aux mouvements de réfugiés venus notamment du Rwanda et aux incendies criminels qui ont dévasté, ces dernières années, plusieurs milliers d’hectares de boisements tant naturels qu’artificiels. On peut cependant noter que des efforts ont été faits par l’entreprise pour amener les tabaculteurs à planter des arbres. L’adhésion n’a cependant pas été à la hauteur des objectifs de l’entreprise et des efforts restent à fournir si l’on veut pérenniser l’activité de l’entreprise et éviter la dégradation de l’environnement dans les zones d’implantation.

L’activité de production est organisée sur deux sites différents à savoir CIBITOKE et BUJUMBURA. Sur le site de CIBITOKE, il s’agit d’une activité de conditionnement où l’on refait le tri du tabac suivant les différentes qualités après quoi le tabac est expédié à l’usine de Bujumbura.

Dans l’usine de Bujumbura, le processus de fabrication de cigarettes se déroule en deux étapes.

  • La première étape comprend l’ensemble des opérations permettant la transformation du tabac (feuilles et côtes) en tabac haché. Cette étape est plus connue sous l’appellation de PMD ( Primary Manufacturing Department).
    Pour avoir une bonne qualité du tabac haché avec un minimum de pertes, les balles de feuilles sont introduites dans une étuve à vide où elles gagnent environ 2% d’humidité devenant ainsi souples et pouvant être maniées sans produire de débris. Le tabac est ensuite introduit dans un cylindre de mouillage puis dans des silos de mélange des différentes qualités en fonction des marques de cigarettes à fabriquer. Il est ensuite conduit au hachoir des feuilles et enfin dans un séchoir où le taux d’humidité est ramené de 19 à 14,5%.
    Les côtes, quant à elles, sont conduites directement sur un tapis d’alimentation qui les introduit à une vitesse constante dans un cylindre mouilleur. Elles passent ensuite dans un silo convoyeur puis au laminoir où elles sont aplaties avant d’être hachées. Les côtes hachées passent ensuite dans un séchoir à vapeur où leur taux d’humidité est ramené de 48 à 14%.

  • La deuxième étape comprend deux processus distincts: la confection des cigarettes ( cigarettes making) et l’empaquetage (cigarettes packing). Les deux opérations étant connues sous l’appellation SMD ( Secondary Manufacturing Department). Lors de la confection de cigarettes, le tabac est versé dans la confectionneuse et arrive par aspiration sur un ruban où un cordon de tabac enveloppé de papier à cigarette se forme. C’est ce cordon de cigarettes qui sera coupé en cigarettes lesquelles passeront ensuite dans la machine à poser les filtres. A la sortie, les cigarettes sont posées sur des chariots et portés vers les empaqueteurs. Après mise en paquets, ces derniers sont acheminés vers une fardeleuse qui fabrique les cartouches comprenant chacune 10 paquets. La mise en paquet se fait manuellement.

L’entreprise a pu s’équiper d’un atelier de fabrication mécanique qui lui permet d’assurer la fabrication et la réparation de certaines pièces de rechange.

L’équipement de l’entreprise est jugé moyennement performant quoique certaines machines sont assez vieilles.

Elle fabriquait au moment de notre intervention les marques Embassy, Menthol, Supermatch et Kiyago.

Les cigarettes fabriquées par l’entreprise « A » sont directement concurrencées par le tabac local qui est directement consommé sans aucune transformation préalable ainsi que par les cigarettes importées notamment du Kenya et du Rwanda préférées pour leur qualité jugée supérieure.

En 1996, la société A a enregistré un chiffre d’affaires de 1. 883.302. 813 Fbu soit 29 426 606 FF au cours de 1996. Ne pouvant pas trouver de personnel spécialisé dans le secteur, l’entreprise emploie souvent des ingénieurs expatriés afin de faire acquérir l’expertise nécessaire à son personnel local. L’entreprise emploie 168 salariés permanents.

Le Directeur Général est assisté de trois principaux collaborateurs (voir l’organigramme en annexe n°11.A):

  • Le Directeur Financier,

  • Le Directeur du Département « Tabaculture »

  • Le Directeur Technique

C’est autour de ces quatre personnes que l’équipe de direction pourrait être constituée.

L’entreprise dispose d’un réseau de vendeurs qui sont des commerçants indépendants qui s’approvisionnent à l’usine et distribuent les produits dans toutes les provinces du pays.

Du fait de la crise burundaise, l’entreprise a subi des perturbations de sa production dues notamment aux coupures incessantes des fournitures électriques occasionnées par les actions de destruction des lignes électriques par la rébellion.