6.5.1. Quelle orientation donner aux prestations de conseil pour les P.M.E. burundaises.

6.5.1.1. Relations actuelles entre dirigeants de P.M.E. et le monde du conseil

Lorsqu’on examine les pays où de telles expériences ont été mises en oeuvre, on remarque que les résultats sont mitigés. Certaines entreprises ont su profiter réellement de ces aides et leurs capacités de gestion en ont bénéficié tandis que dans d’autres, aucune avancée notable n’a été identifiée.

Dans l’ensemble, lorsqu’on regarde l’attitude des dirigeants vis-à-vis du conseil, diverses attitudes sont observées. M. Kubr recense plusieurs raisons qui font que les dirigeants de P.M.E. n’ont pas régulièrement recours au conseil. Il constate qu’en général les principales raisons sont les suivantes:

‘ «blabla’
  • ils ont peur de ne pas pouvoir supporter les frais à payer et croient que seules les grandes entreprises peuvent disposer de suffisamment de moyens financiers pour payer des consultants,

  • dans plusieurs cas, les consultants ne disposent pas de compétences suffisantes dans le(s) domaine(s) où le dirigeant a besoin d’un concours,

  • l’identification d’un consultant compétent est difficile et prend beaucoup de temps, parce que les dirigeants de P.M.E. ont eu par le passé très peu de contacts avec ces professionnels,

  • ils sont réticents à divulguer les faits et les données relatifs à leurs affaires,

  • l’emploi d’un consultant peut être considéré comme l’aveu d’un manque de compétences »461.

Dans les P.M.E. burundaises, ce dernier élément pourrait , en effet, constituer un frein important dans la mesure où les dirigeants de P.M.E. burundaises tiennent beaucoup à ce que l’essentiel des décisions soient considérées comme leur oeuvre personnelle. L’appui d’un consultant pourrait facilement être interprété comme la démonstration d’une incapacité à diriger une entreprise, ce qui provoquerait une frustration du dirigeant et hypothéquerait d’avance l’efficacité d’une telle intervention.

En plus de ces explications, certaines ambiguïtés viennent brouiller la vision exacte des résultats qu’un dirigeant de P.M.E. pourrait attendre des prestations de conseil . Dans le monde des P.M.E. on déplore que la recherche d’une « relation de confiance »462 prime sur la recherche d’une réelle compétence et expérience professionnelle souvent très difficile à évaluer pour le dirigeant de P.M.E. ce qui rend la relation entre le dirigeant et le monde du conseil ambiguë. En outre cette ambiguïté est renforcée d’après D. Belet463 par le fait que ces dirigeants ne parviennent pas à fixer le contenu des cahiers de charges qui pourrait constituer une base de réflexion et de travail pour le consultant en charge d’aider le dirigeant de P.M.E..

Il convient donc de tenir compte de ces problèmes liés à la faible perception de ce que peut leur apporter une prestation de conseil, ainsi que les éventuels freins psychologiques et envisager un nouveau mode de relations avec le monde de dirigeants de P.M.E., si l’on veut que les prestations de conseil puissent apporter suffisamment de valeur ajoutée à ces entreprises. La réussite de ces actions de conseil devra passer par une meilleure perception des besoins du dirigeant et de son entreprise afin de préciser la nature de prestations à fournir susceptibles d’apporter davantage de valeur ajoutée au dirigeant pour la conduite de son entreprise.

Au Burundi, les observations relevées ci-dessus nous paraissent valables ; de plus l’élément qui nous semble être le plus important est l’absence de marché visible d’offre de produits de conseil. Dans le domaine de la gestion des entreprises et des organisations, les quelques entreprises de conseil qui existent au Burundi sont plus orientées vers des domaines traditionnels tels que la comptabilité et l’audit, cette dernière prestation étant surtout fréquente dans les entreprises publiques du fait des exigences des bailleurs de fonds. On remarque une quasi-absence d’approche qui puisse orienter les produits de conseil vers l’apprentissage du dirigeant et de ses collaborateurs afin de leur permettre de pouvoir prendre davantage en charge le développement de leur entreprise.

Notes
461.

M. Kubr,  »Management consulting. A guide to the profession », p 380, 3rd Edition, ILOGENEVA, 1996, 850 pages

462.

T. Atamer et al. in D. Belet, « Prestations de conseil auprès des PME/PMI et processus d’apprentissage de leurs dirigeants: pour une autre conception du métiier de conseil en management », p 115, Revue Internationale PME, Vol n°2, 1993 pp109- 133

463.

D. Belet, idem