6.5.1.3 Des mesures complémentaires pour un développement global de la P.M.E. au Burundi

Comme le recommande la Banque Mondiale469, l’une des tâches les plus ardues pour les pays africains est de se doter d’un vivier de compétences qui leur permettent d’affronter la concurrence dans une économie mondialisée. Il importe alors que les appuis au secteur des P.M.E. soient aussi variés que possible. Ainsi, les appuis apportés au monde des P.M.E. devraient s’étendre de la création à la gestion des contraintes inhérentes à l’évolution de leur environnement global.

Ainsi, la cellule proposée ci-dessus assurerait aussi l’assistance aux créateurs d’entreprises surtout au niveau de l’étude de faisabilité des projets présentés. Eu égard aux problèmes actuels des P.M.E., la cellule devrait en plus de l’élaboration technique des dossiers pour une présentation éventuelle aux financiers, fournir une aide conséquente dans le choix des technologies à employer et veiller à ce que les fournisseurs d’équipement établissent avec les créateurs d’entreprise un véritable partenariat lors d’un transfert éventuel de ces technologies.

Afin de pouvoir garantir aux entreprises burundaises les capacités de faire face à la concurrence qui va être de plus en plus vive du fait notamment des facilités que les entreprises étrangères appartenant au COMESA auront à vendre au Burundi surtout lorsqu’on sait que des pays comme le Kenya dispose d’un vivier d’entreprises assez compétitives dans la région. Il nous paraît important qu’il soit aussi mis en place un organisme qui aide les entreprises à s’engager dans des procédures de certification de la qualité. Cela permettrait d’une part de faire face à la concurrence des produits importés et d’autre part d’accroître les possibilités de vendre sur des marchés étrangers. La promotion de la gestion de la qualité étant une question d’actualité et étant appelée sûrement à le rester durablement, il nous paraît urgent que des efforts soient faits pour introduire notamment la certification d’entreprise selon les normes internationales de qualité afin de pousser les entreprises à chercher en permanence à être compétitives. Concernant les exportations, il sera essentiel que les relations d’échanges soient nouées avec des réseaux pouvant fournir des informations commerciales, industrielles et technologiques existant dans le monde.

Le gouvernement devrait pour favoriser la reprise du secteur privé remettre sur pieds des institutions dormantes comme le FOSIP470 et le FNG471 afin d’encourager et d’assister les industriels porteurs de projets. Il importe cependant que ces organismes soient suffisamment indépendants pour éviter l’intrusion du pouvoir politique qui dans un certain nombre de pays se traduit in fine par des gaspillages ou même des détournements.

L’Etat devrait davantage être catalyseur du développement des P.M.E. et les prémunir contre tout ce qui peut constituer un frein à leur essor. Comme pour le drawback où tout retard de paiement de la contrepartie des taxes payées par l’exportateur est rémunéré à 14%, le retard de paiement des factures des biens et services vendus à l’Etat devrait bénéficier du même traitement. Il ne serait pas juste d’exiger des entreprises le paiement régulier de divers taxes et impôts au fisc quand ce même Etat leur doit des sommes qui pour certaines peuvent hypothéquer même leur existence. Le taux applicable à ces retards devrait varier aussi en fonction des taux d’intérêts bancaires pratiqués par les banques commerciales.

Afin que les dirigeants de P.M.E. fassent de leurs personnels de vrais partenaires oeuvrant de concert pour le développement de l’entreprise, le Ministère du travail devrait faire davantage de missions sur le terrain pour mieux faire comprendre le bien fondé du respect des droits des travailleurs et de l’incidence que cela pourrait avoir sur la prospérité des entreprises. Dans cette optique des séminaires rassemblant les employeurs, les salariés et les représentants de l’Etat devraient être régulièrement organisés pour réguler les relations entre dirigeants et salariés.

Nous constatons, par ailleurs, que dans les entreprises burundaises existent des conflits entre actionnaires pouvant déboucher sur l’éclatement de certaines d’entre elles. Il est vrai que le gouvernement a tenté de prévenir ces conflits dans le nouveau code de sociétés privées et publiques 472 en exigeant que toutes les sociétés aient recours à des commissaires aux comptes afin qu’ils puissent certifier la sincérité et la régularité des comptes annuels, cependant, ont fait remarquer ces derniers, ils ne peuvent pas travailler toujours avec objectivité car leurs conclusions ne sont pas à l’abri de l’influence éventuelle du dirigeant qui est souvent actionnaire majoritaire. Il importe donc, dans le but de garantir l’indépendance des experts que ce genre de services soient rendus par des spécialistes organisés notamment en Ordre professionnel dans une « Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes» qui serait garant de la déontologie pour assurer le respect des droits de tous les actionnaires.

Ce chapitre nous aura permis de nous rendre compte qu’en impliquant davantage ses collaborateurs, le dirigeant de PME pourrait enclencher une dynamique d’amélioration de l’efficacité de son entreprise sans devoir investir lourdement. La démarche et les outils de management socio-économique se sont avérés être des vecteurs efficients pour obtenir un changement d’attitudes et pratiques des directions de PME dans la durée.

En outre, les actions menées ont montré que la performance d’une entreprise ne pouvait être que le résultat de la participation de l’ensemble des acteurs de l’entreprise. Comme nous le verrons dans la conclusion générale de notre travail, des efforts sont encore à faire pour que les dirigeants de PME se rendent réellement compte de cette nécessité et puissent adopter une méthodologie impliquant fortement tous les acteurs dans la mise en oeuvre de l’activité de l’entreprise.

Notes
469.

Banque Mondiale, « Rapport annuel », op cit, p 22.

470.

Voir chapitre 2, point 2.2.4.3.2

471.

idem, poit 2.2.24.3.3

472.

Loi n°1/002 du 06 mars 1996 portant code des sociétés privées et publiques, p 24