LIMITES ET PERSPECTIVES

Limites

Les limites à notre recherche tiennent à plusieurs facteurs.

On pourrait signaler notamment les résistances aux changements inhérents à l’incertitude qui accompagne tout changement. Du point de vue du dirigeant, il a un souci légitime de ne pas risquer de perdre le contrôle de son entreprise. Dans les entreprises où la direction du projet d’amélioration était assumée par un de ses collaborateurs, nous avons remarqué que le dirigeant affichait une tendance voilée à vouloir garder le monopole de prise de décision, et la mise en oeuvre de certaines actions proposées par d’autres en a pâti. Du point de vue des autres acteurs de l’entreprise, le faible engagement a pu résulter de l’imprécision des perspectives que leur ouvraient les actions dans lesquelles ils s’engageaient; ce fut le cas lorsqu’il apparaissait que la mise en oeuvre de certaines actions pouvait déboucher sur une réduction d’effectifs.

Le dirigeant de PME n’est pas encore parvenu à se prendre la mesure de l’importance d’une rétribution équitable tenant compte de la contribution réelle des différents acteurs à la création de la valeur ajoutée de l’entreprise. Des outils, comme le Contrat d’Activité Périodiquement Négociable qui seraient de nature à concrétiser les pratiques de travail en équipe dans toute l’entreprise, n’ont pas, de ce fait, pu être mis en place, les dirigeants estimant qu’il était impossible d’engager une telle action dans le contexte socio-politique du moment. Nous considérons qu’une telle attitude risque d’hypothéquer pendant quelques années encore la réussite des actions de changements initiées dans les PME burundaises.

Une autre limite réside dans la durée trop brève des expérimentations réalisées surtout dans un environnement fortement perturbé qui ne nous a pas permis d’accompagner les dirigeants suffisamment longtemps pour nous rendre compte du degré d’appropriation des changements dans le temps.

Enfin, le nombre trop limité des entreprises dans lesquelles nous avons mené les expérimentations jusqu’au stade de l’évaluation ne nous permet pas de généraliser les résultats obtenus à toutes les PME burundaises, et nous considérons que d’autres recherches seront nécessaires pour creuser davantage les pistes permettant aux dirigeants d’intégrer les besoins de l’ensemble des acteurs au nombre des leviers permettant l’accroissement de l’efficacité de leur organisation.