2.2.2. Cellules ganglionnaires et acuité visuelle

L’acuité visuelle (la capacité du système visuel à résoudre le plus petit détail spatial) est très proche de l’acuité estimée à partir de la densité des cellules ganglionnaires (Hughes Crescitelli, 1977b; Pettigrew, Dreher, Hopkins, McCall & Brown, 1988). En effet, plus petit est le corps cellulaire des cellules ganglionnaires et plus élevé est leur nombre, meilleure est l’acuité visuelle.

Une question importante se pose : une rétine possédant un plus grand nombre de cellules ganglionnaires permettrait-elle une acuité visuelle supérieure?

Gianfranceschi, Fiorentini et Maffei (1999) ont comparé l’acuité visuelle des souris sauvages à celle d’une souche de souris transgéniques. Ces dernières ont pour caractéristique une sur-représentation du gène humain bcl2 dans la majorité de neurones de leur système nerveux central . Le gène bcl2 code une protéine qui protège la cellule de l’apoptose 1 et contrôle sa mort, la conséquence est que le cerveau de ces souris est 1.5 fois plus grand que celui des souris sauvages . Le nerf optique a deux fois plus de fibres que chez les souris sauvages et la densité des cellules ganglionnaires est bien plus importante (Gianfranceschi et al., 1999).

Les souris sauvages ont un pic de densité des cellules ganglionnaires de 4500 CG par mm², tandis que chez les souris transgéniques bcl-2 ce pic est de 10100 CG par mm² (Gianfranceschi et al., 1999).

Les auteurs ont utilisé une tâche psychophysique à choix forcé à deux alternatives spatiales. Il fallait que les souris choisissent entre deux réseaux sinusoïdaux de même fréquences spatiales; l’un horizontal et l’autre vertical. Ce dernier était considéré comme le choix correct donnant lieu à une récompense accordée à la souris.

Les résultats de cette étude montrent que l’acuité visuelle chez les souris transgéniques est égale à celle des souris sauvages, l’augmentation de la densité des cellules ganglionnaires n’a pas augmenté l’acuité visuelle des souris. A signaler que le nombre de cônes chez les souris transgéniques est resté le même que chez les souris sauvages. Il serait d’un grand intérêt de pouvoir réaliser une étude chez des souris transgéniques ayant le même type d’organisation entre cônes et cellules ganglionnaires que chez les souris sauvages mais avec une plus grande densité des deux types de cellules (ganglionnaires et cônes).

Notes
1.

Apoptose : mort programmée et naturelle des cellules à cause de facteurs internes à la cellule, contraire de nécrose qui signifie mort non programmée des cellules à cause de facteurs externes.