1.2.2. Connexions extrinsèques et voies visuelles

Les couches du cortex strié diffèrent non seulement par les connexions qu’elles reçoivent mais aussi par les structures éloignées vers lesquelles elles se projettent. Toutes les couches de V1 à l’exception des couches : 1, 4A et 4C, émettent des fibres qui sortent du cortex strié.

Les couches supérieures 2, 3 et 4B se projettent principalement vers d’autres régions corticales, alors que les couches profondes se projettent vers des structures sous corticales (cf. figure 6).

Les connexions feed-forward de l’aire V1 diffèrent selon qu’elles concernent la partie centrale ou la partie périphérique du champ visuel. Ainsi, la région représentant le champ visuel périphérique envoie ses projections sur V3A (Zeki, 1980), sur l’aire occipito-pariétale (OP) (Colby, Gattass, Olson & Gross, 1988) et éventuellement sur l’aire médiale temporale supérieure (MST) (Boussaoud, Ungeleider & Desimone, 1990). La région représentant la partie centrale du champ visuel se projette sur V2, V3d et MT et elle envoie une légère projection sur V4 (Nakamura, Gattass, Desimone & Ungelheider, 1993; Yukie & Iwai, 1985; Zeki, 1969; Zeki, 1978).

La différence entre centre et périphérie du champ visuel est observée au niveau de la couche 2/3 de V1 (blobules et interblolbules). Contrairement à la zone périphérique, la zone représentant la partie fovéale du champ visuel envoie des projections directes sur l’aire V4 (Nakamura, Gattass, Desimone & Ungelheider, 1993; Steele, Weller & Cusick, 1991; Yukie & Iwai, 1985)

Figure 6. Modules et voies ventrales et dorsales. Les flèches représentent les connexions entre les différents modules du CGL, de l’aire V1 et de l’aire V2 avec les aires MT et V4 qui appartiennent respectivement aux voies dorsales (à gauche) et ventrales (à droite).

Tirée de Bulier et Barone (1992).

Les différents types de connectivité liant les aires visuelles ont été utilisés afin de proposer une hiérarchie du traitement de l’information visuelle le long de deux voies visuelles majeures procédant en parallèle (Felleman & Van Essen, 1991; Van Essen 1985; Van Essen & Maunsell, 1983) : une voie ventrale occipito-temporale, impliquée plutôt dans l’analyse de la forme, et une voie dorsale occipito-pariétale, vouée principalement à l’analyse du mouvement et de l’espace (Ungeleider & Desimone, 1986).

La notion d’une ségrégation stricte entre voie dorsale et voie ventrale a été contestée par une accumulation de données qui montrent de forts degrés d’interconnexions entre ces deux voies à différents niveaux (Boussaoud, Ungeleider & Desimone, 1990; Colby, Gattass, Olson & Gross, 1988b; Felleman & Van Essen, 1991). En effet, les résultats d’enregistrements éléctrophysiologiques réalisés sur des cellules individuelles de la voie dorsale montrent une sélectivité typique à la voie ventrale, notamment la sélectivité aux caractéristiques spatiales des stimuli (Gottlieb, Kusonoki & Goldberg, 1998; Sereno & Maunsell, 1998).

La voie ventrale (i.e., le cortex occipito-temporal) reçoit des inputs préférentiellement de la représentation centrale du champ visuel ce qui est cohérent avec le rôle de cette aire dans le traitement de la forme des objets (Ungeleider & Mishkin, 1982).

En revanche, la voie dorsale (i.e., les aires du cortex occipitopariétale) reçoit préférentiellement des inputs provenant des représentations périphériques du champ visuel. Ceci est cohérent avec le rôle de ces aires dans la vision spatiale .