1.2. Représentation du champ visuel dans les autres aires visuelles

La topographie n’est pas aussi précise sur toutes les aires visuelles. Sur une échelle de 4 sur laquelle la valeur 1 correspond à une topographie parfaite et la valeur 4 à une topographie quasi inexistante, Felleman et Van Essen (1991) ont attribué un indice de 1 aux aires V1, V2 et V3, un indice de 3 à V3A, MT 3 , LIP 4 , VIP 5 et V6 et un indice de 4 à l’aire MSTd 6 .

La mesure du facteur de l’agrandissement cortical n’est possible que lorsque l’aire visuelle a une représentation topographique stricte du champ visuel comme dans les aires impliquées dans le traitement initial de l’information visuelle telles que V1 et V2.

En ce qui concerne les aires les plus éloignées de V1, l’organisation topographique devient de moins en moins stricte voire inexistante. Ainsi, afin de mesurer la représentation spatiale dans les autres aires, Ben Hamed (1999) a mesuré pour les dix aires visuelles, précédemment citées, la densité cellulaire relative. Cette mesure correspond à une estimation du volume cortical voué à la représentation d’une zone donnée de l’espace.

Aires visuelles : V6, LIP et MT. L’étendue du codage spatial controlatéral s’étend à 40° pour LIP, 54° pour MT et 92° pour V6. Cette étendue s’accorde avec le pic de distribution cellulaire ; c’est-à-dire que plus l’étendue du champ visuel encodée est grande plus le pic de distribution se décale vers la périphérie. Ainsi, l’aire LIP a un pic de distribution de cellules situé à 2°, MT à 14° et V6 à 42°.

Dans l’aire V6 la représentation de la partie centrale du champ visuel ne bénéficie pas d’un agrandissement cortical comparable à celui de la périphérie (Galletti, Fattori, Gamberini & Kutz, 1999). Cette organisation favorise l’analyse du flux optique qui résulte de notre mouvement dans l’espace, la sélection de cibles dans une recherche visuelle et le contrôle du mouvement de la main permettant d’atteindre un objet perçu dans la périphérie (Galletti, Fattori, Gamberini & Kutz, 1999).

Figure 10. Vue latérale des aires visuelles V1, V2, V3v, V4 et MT chez l’homme. Tirée de Bullier et Barone (1992).

L’étendue du champ visuel traitée par les différentes aires peut s’expliquer par des aspects fonctionnels. Ainsi, l’aire LIP, qui traite une étendue de 40° environ, est spécialisée dans la programmation et l’exécution des saccades oculaires. A noter que les saccades oculaires ont une amplitude inférieure à 40° (Moody, Wise, di Pellegrino & Zipser, 1998). L’aire MT codant une étendue de 60° environ est spécialisée dans le traitement des mouvements et exprime une sélectivité plus spécifique aux bords des figures en mouvements.

Aires V6A, MSTd et VIP. Le pic de densité cellulaire est situé à 20° pour VIP, à 24° pour MSTd, ce qui confère à ces deux aires une sur-représentation de l’espace périphérique. V6A se distingue par deux pics de densité cellulaire, le premier à 6° et le deuxième à 46°, cette distribution à deux pics reste inexpliquée. L’étendue de la portion de l’espace contralatéral et ipsilatéral traitée par ces trois aires est de 50° et 40° respectivement (Ben Hamed, 1999).

Ces deux pics de distributions cellulaires en périphérie de plus de 20° pour VIP et MSTd s’expliqueraient par leurs caractéristiques fonctionnelles. En effet, tout comme MSTd, VIP exprime une sélectivité aux stimuli de type flux optiques (Schaafsma & Duysens, 1996).

Notes
3.

aire médio-temporale.

4.

aire Latérale Intra-Pariétale.

5.

aire Ventrale Intra-Pariétale

6.

Aire temporale médiale supérieure dorsale.