8. Identification de lettres et de caractères alphanumériques

Farrel et Desmarais (1990) ont étudié l’identification de chiffres arabes ayant différentes tailles à des excentricités de : 2, 4, 8, et 10°. Leur objectif était de vérifier si une mise à l’échelle permettait une égalisation des performances à travers le champ visuel. Les résultats ont montré l’existence d’un tel facteur d’agrandissement qui augmente en fonction de l’excentricité. En se déplaçant de 2 à 10° en périphérie, ce facteur augmente de 4 fois (cf. tableau 7).

Tableau 7. Facteurs d’agrandissement en fonction des excentricités. Données prise dans Farrel et Desmarais (1990).
Excentricité 10°
Facteur d’agrandissement 4.688 8.376 12.064 15.752 19.44

Ces auteurs ont obtenu une valeur de E2 égale à 0.52°. Cette valeur est très basse et signifie que la tâche est contrainte par des facteurs corticaux.

Tableau 8. Les facteurs de mise à l’échelle ayant permis une égalisation de la lecture des lettres de Snellen dans différentes excentricités. Données de Ludvigh (1941) normalisées en fonction des excentricités utilisées par Farrel et Desmarais (1978) pour une raison de comparaison.
Excentricité 10°
Facteur de mise à l’échelle 2.48 3.74 5 6.26 7.52

Le facteur d'agrandissement utilisé par Farrel et Desmarais (1990) était basé sur les données de Ludvigh (1941) qui a étudié l’identification des lettres de Snellen. A noter que les facteurs d’échelle utilisés par Ludvigh étaient nettement plus bas que ceux utilisés par Farrel et Desmarais. Pour l’excentricité de 10°, Farrel et Desmarais ont eu besoin d’un facteur de mise à l’échelle de 19.44 pour avoir les mêmes résultats en périphérie qu’en fovéa alors que Ludvigh n’a agrandi les tailles que par un facteur de 7.52. En d’autres termes les facteurs utilisés par Ludvigh étaient 2 fois plus bas que ceux utilisés par Farrel et Desmarais. Ces derniers ont expliqué cette différence par le type de stimuli utilisés dans les deux études.

En étudiant le contraste nécessaire pour une performance de 65% de bonnes réponses d’identification de caractères alphanumériques (chiffres arabes), Strasburger et al. (1991) ont montré qu’à partir d’une excentricité de 6° la formule déduite des données de Rovamo et Virsu (1979) ne prédit plus les tailles nécessaires pour une égalisation des performances d’identification. L’écart entre le facteur d’agrandissement prédit par Rovamo et Virsu et celui nécessaire pour identifier les chiffres est plus important lorsque l’étude porte sur des stimuli de bas contraste (Strasburger et al., 1991).

Tableau 9. Les tailles identifiées en fonction des plus bas seuils de contraste pour le sujet KZ. Données calculées à partir de Strasburger et al. (1991).
Excentricité Taille identifiée Seuil de contraste
36 min. d’arc 1.6%
60 min. d’arc 1.9%
60 min. d’arc 2%
84 min. d’arc 3.8%

Strasburger et al. (1991) ont conclu que pour un contraste de 4% et une excentricité de plus de 6°, le facteur de mise à l’échelle calculé en fonction de la translation sur l’axe des tailles, ne permettait pas d’égaliser la performance d’identification des chiffres par rapport à celle réalisée en vision centrale.

Dans une autre étude, Strasburger et al. (1994) ont étudié l’identification des mêmes tailles en fovéa et à différentes excentricités sur le méridien horizontal. Leur résultats ont montré une translation horizontale confirmant la théorie du facteur d'agrandissement. Cependant, une translation verticale vers des niveaux de contraste plus élevés caractérise les courbes des performances dans la périphérie. Ainsi, ces auteurs ont conclu que le facteur de mise à l’échelle ne permet pas d’égaliser les courbes de sensibilité au contraste en fonction des excentricités.

Lorsque les stimuli sont de bas contraste (8-24%), le facteur d'agrandissement permet d’ajuster les données jusqu'à une excentricité de 6°. Dans les excentricités supérieures à 6°, l’égalisation des performances nécessite un haut contraste 40% (Strasburger et al., 1994).