Chapitre 4. Phénomène de groupement

1. Définition du phénomène de groupement

Le phénomène de groupement (crowding en anglais) est considéré, dans la littérature psychophysique, comme la difficulté à discriminer une cible entourée par d’autres stimuli. Cette baisse d’acuité visuelle provoquée par la présence de stimuli avoisinants a eu différentes appellations, interaction de contours (Flom, 1991; Chung & Bedell, 1995; Pascal & Abadi, 1995), difficulté de séparation (Stuart & Burian, 1962) masquage latéral (Wolford & Chambers, 1983; Loomis, 1978) ou effet de groupement (Flom, 1991; Leat, Li & Epp, 1999). Dans cette étude, le terme ‘effet de groupement' sera utilisé pour référer à la baisse des performances visuelles provoquée par la présence d’éléments distracteurs ou de barres latérales entourant la cible. Dans la suite du texte, nous utiliserons le terme cible pour désiger l’élément à identifier (cf. figure 21, lettre C). Nous utiliserons les termes pourtour lorsque les éléments sont placés autour de la cible (cf. figure 21, les barres). Le terme flanc sera utilisé pour désigner chacun des éléments jouxtant la cible.

Figure 21. Structure d’un stimulus utilisé dans les expériences sur l’effet de groupement. Le stimulus est composé de deux parties : la cible, dans cet exemple le ‘C’ et le pourtour, ici l’ensemble des barres. Une barre seule est appelée flanc.

L’effet de groupement a été observé dans différentes tâches visuelles : acuité vernier (Levi et al., 1985; Westheimer & Hauske, 1975), discrimination d’orientation (Westheimer, Shimamura & McKee, 1976), identification de chiffres arabes (Strasburger et al., 1991) et identification de lettres (Bouma, 1970; Loomis, 1978; Flom, Weymouth & Kahnemann, 1963; Toet & Levi, 1992; Liu & Arditi, 2001).

L’effet de groupement se produit au niveau cortical, “ L’interaction spatiale a lieu plus loin que le niveau rétinien, à un niveau neuronal du système visuel où les informations visuelles provenant des deux yeux sont traitées ensemble ” (Flom, 1991). En effet, lorsque la cible est présentée à un œil et les flancs du pourtour à l’œil opposé (présentation dichoptique), l’effet de groupement est aussi important que lorsque les deux éléments du stimulus (la cible et le pourtour) sont présentés au même œil. Ces résultats ont été obtenus aussi bien en vision fovéale (Flom, 1991) qu’à une excentricité de 10° dans le champ visuel inférieur (Kooi et al., 1994). L’effet de groupement a été étudié en vision centrale et en vision périphérique.