2. Groupement en fovéa

L’étendue de l’effet de groupement correspond à la distance entre la cible et le pourtour au dessus de laquelle le sujet identifie la cible à un pourcentage supérieur au seuil et en dessous de laquelle les performances baissent à un niveau de chance. En vision fovéale, l’effet de groupement est très léger et s’étend sur une distance de 2-6 min. d’arc. (Flom et al., 1963; Toet & Levi, 1992; Liu & Arditi, 2001) voire absent (Strasburger et al., 1991). En vision centrale, l’étendue de l’effet de groupement correspond au champ récepteur d’une colonne du cortex visuel (Levi 1991; Leat et al., 1999).

Les recherches ont montré qu’en vision fovéale l’acuité visuelle se dégrade par un facteur de 1.14 lorsque la cible est entourée par des flancs (Leat et al., 1999). L’effet de groupement n’est sensible ni à la similarité de la forme ni au fait que les éléments du flanc soient plus nombreux (Flom, 1991; Leat et al., 1999; Manny et al., 1988; Nazir, 1991).

En prenant en compte les résultats de ces dernières études, Hess, Dakin et Kapoor (2000) ont effectué une analyse Fourier 9 du spectre de l’image d’un stimulus C entouré par des barres. Ils ont observé que cette analyse prédit exactement ce qui se passe dans le phénomène de l’effet de groupement. A savoir que lorsque les barres sont proches de la cible, une interaction spatiale purement physique a lieu. Ainsi, ils ont rejeté l’explication qui attribuait l’effet de groupement à la physiologie du système visuel (Estes, Allmeyer & Reder, 1976; Flom et al., 1963; Loomis, 1978; Strasburger et al., 1991).

Figure 22. Illustration des conditions de combinaison du stimulus. L’analyse spectrale de la condition 1 donne le même résultat que l’analyse spectrale de la condition 2. Les conditions 1 et 3 donnent des spectres différents

Ces résultats ont été contestés par Danilova & Bandarko (2000). Ces auteurs ont observé que la combinaison du stimulus qui devait provoquer un effet de groupement similaire d’après l’analyse spectrale du stimulus (condition 2 et 3 de la figure 22), provoquait des effets différents chez les observateurs humains. De même, les combinaisons qui devaient provoquer un effet de groupement différent d’après l’analyse spectrale (cf. figure 22, conditions 1 et 3), provoquait des effets de groupement similaires chez les observateurs humains. Ainsi, contrairement à Hess et al. (2000), Danilova et Bandarko (2000) proposent que l’effet du groupement en fovéa ne peut être expliqué uniquement par la physique du stimulus mais nécessite la contribution d’un facteur physiologique.

Notes
9.

Analyse de Fourier : décomposition d’une image en ses composantes sinusoïdales.