Chapitre 2. Facteur d’agrandissement en vision péripherique

I. Expérience 1. Détection et identification de lettres symétriques en vision périphérique

1. Introduction

Le modèle de deux facteurs distincts de mise à l’échelle des tâches visuelles telles que la détection et l’identification de phases suggérés par Levi et al. (1985) ne permet pas de rendre compte des résultats de Higgins et al. (1996). En effet, ces derniers auteurs ont trouvé qu’un même facteur de mise à l’échelle permet d’égaliser les performances de la tâche de détection et de la tâche d’identification de lettres symétriques en miroir à travers le champ visuel. Ils ont agrandi les tailles des stimuli par le facteur de mise à l’échelle proposé par Rovamo et Virsu (1978) dans l’équation 3.

Dans l’étude de Higgins et al. (1996), les deux stimuli (b et d) étaient présentés dans la même portion inférieure du champ visuel et la luminance du fond de l’écran était très basse (5 cd/m²). Ils ont étudié des tailles très proches du seuil de l’acuité en n’utilisant qu’une seule taille par excentricité. Dans chacune des sessions, un seul niveau de contraste était utilisé. Dans leur étude, un facteur attentionnel a été introduit dans l’ajustement des courbes psychométriques puisque le niveau maximal de 100% de bonnes réponses n’était pas atteint par les observateurs. Ce facteur attentionnel est égal à la différence entre le niveau maximal de bonnes réponses du sujet et un niveau de 100%.

La présente étude a quatre objectifs principaux. Le premier objectif est de généraliser l’étude de Higgins et al. (1996) en apportant des modifications pertinentes à l’expérience et aussi à l’analyse. Nous allons présenter une plus grande gamme de lettres (quatre) à différentes positions dans le champ visuel sur un fond d’écran d’une plus haute luminance. Ainsi, pour chacune des trois excentricités nous étudierons un ensemble de quatre tailles. Nous utiliserons plusieurs niveaux de contraste dans chaque session. Notre objectif est de vérifier si ces modifications permettent d’obtenir les mêmes résultats que Higgins et al. (1996).

Ces auteurs ont utilisé un appareil permettant de contrôler la position du stimulus sur la rétine (eyetracker en anglais). Afin de contrôler la position des lettres sur la rétine, nous avons varié aléatoirement, dans chacune des sessions, les quatre positions possibles dans le champ visuel (nasale, temporale, supérieure et inférieure). Ainsi, l’observateur n’anticipait pas l’emplacement de l’apparition du stimulus sur l’écran.

Le deuxième objectif est d’appliquer la méthode d’estimation du facteur d’échelle locale proposée par Watson (1987) afin de connaître le facteur de mise à l’échelle nécessaire pour chacune des deux tâches. Cette méthode a l’avantage d’être indépendante de toute estimation préalable de l’agrandissement rétinien ou cortical. Le troisième objectif est d’appliquer la méthode de Levi et al. (1985) pour calculer le E2  afin de comparer l’évolution des deux tâches dans la périphérie du champ visuel. Le quatrième objectif est d’expliquer la différence entre les résultats de Higgins et al. (1996) d’une part et ceux de Farrel et al. (1990), Strasburger et al., (1991) et Saarinen et al. (1989) d’autre part.