1.1. Confusions latérales versus confusions verticales

Trois théories proposent d’expliquer la tendance des observateurs à commettre plus de confusions latérales que de confusion verticales.

La première théorie se base sur le fait que les inversions latérales ne donnent pas d’informations différentes (par exemple un tigre orienté vers la gauche ou vers la droite est toujours menaçant). Tandis que l’inversion verticale apporte des informations très différentes ( par exemple un tigre est plus menaçant debout que lorsqu’il a le dos sur le sol) (Corballis & Beale, 1976).

La deuxième théorie définit la confusion entre les images latérales en miroir comme une conséquence accidentelle de la symétrie bilatérale du système visuel. Les connexions corticales homotopiques relient les deux mêmes aires visuelles de chaque hémisphère en passant à travers le corps calleux. Noble (1968) a proposé que chaque hémisphère reçoit des entrées directes et des entrées indirectes à travers les connexions homotopiques. Comme les deux hémisphères sont l’image en miroir l’un de l’autre et que les connexions inter-hémisphériques relient des points correspondants, les neurones activés dans l’hémisphère gauche par un ‘b’ seraient reliés aux neurones activés par ‘d’ dans l’hémisphère droit. Il en résulte qu’un même stimulus active les deux populations et provoque une confusion.

La troisième théorie propose que la confusion latérale est directement corrélée à l’activité neuronale (Rollenhagen & Olson, 2000). Les auteurs ont effectué un enregistrement électrophysiologique de l’activité des neurones de l’aire inférotemporale chez les singes, aire critique de la reconnaissance des objets chez l’humain et chez le singe (Logothetis & Scheinberg, 1996). Les résultats ont montré un profil d’activité neuronale similaire lorsque les deux stimuli sont symétriques en miroir sur l’axe vertical, tandis que l’inversion sur l’axe horizontal provoque un profil d’activité neuronale différent. Ainsi, l’observateur confond plus les stimuli inversés sur l’axe vertical et moins les stimuli inversés sur l’axe horizontal parce que l’activité neuronale est similaire dans la première condition et elle est différente dans la deuxième.

Des études psychophysiques ont classé les orientations traitées par le système visuel en deux types : tangentielles et radiales (cf. figure 57).

Figure 57. Représentation de l’orientation radiale et tangentielle. L’orientation de la paire de lettres ‘bd’ présentée dans le champ visuel supérieur correspond à une discrimination tangentielle. Cette même paire présentée dans le champ visuel latéral correspond à une orientation radiale.