Définir la liquidité du marché (market liquidity) est une tâche peu évidente. Cette difficulté est principalement liée à la confusion possible entre la performance du marché liquide et la liquidité individuelle du titre.
Revenons à la définition générique de Keynes "l'actif le plus liquide ‘est’ le plus certainement réalisable à bref délai et sans perte".
Etendue aux marchés, cette définition permet de relier la notion de liquidité à la négociabilité de l'actif, à l'immédiateté des échanges et à la régularité des prix sur son marché.
En effet, par le terme "certainement réalisable" nous comprenons "facilement transformable", ce qui implique la négociabilité de l'actif. La transformation d'un actif en numéraire ou en un autre actif plus liquide (par la transformation de l'échéance et du risque) devient "certainement réalisable" quand il existe un marché permettant de l'évaluer et de l'échanger, en plus de ses qualités individuelles en terme de rentabilité, de risque et de durée de vie.
Ensuite, une transformation à "bref délai" sous-entend une transformation rapide en terme de temps d'attente sur le marché. Cet aspect est parfaitement reflété par l'immédiateté qui implique l'existence permanente sur le marché d'une contrepartie à la demande de liquidité. Or étant donné les imperfections des marchés (coût de transaction et asymétrie d'information), le caractère immédiat des transactions devient difficilement réalisable sans qu'il y ait un mécanisme d'échange permettant la consolidation de l'offre et de la demande d'une manière continue.
Finalement, une transformation "sans perte" évoque la possibilité d'obtenir un prix de transaction le plus proche possible de la valeur réelle de l'actif. Cet aspect signifie la régularité des prix . L'obtention de ces prix nécessite un mécanisme efficace et efficient pour leur formation. Celle fonction revient au marché qui sert de convoyeur de l'information nécessaire à l'évaluation du titre et à la détermination d'un prix d'échange étroitement proche du prix du marché.
La production de la liquidité devient donc directement liée aux performances du marché dans l'amélioration de la négociabilité, la production de d'immédiateté des échanges et l'obtention des prix réguliers.
Cette explication se trouve corroborée par la définition de la liquidité du marché dans le Palgrave Dictionary of Money and Finance:
‘"Liquidity refers broadly to the ability of individuals to trade quickly at prices that are reasonable in light of underlying demand/supply conditions.", Schwartz R. A., p 666.’Il en résulte donc que la liquidité du marché est la liquidité produite par le marché garantissant aux participants désireux d'échanger un actif la facilité de traiter rapidement et à des prix raisonnables.
La liquidité individuelle de l'actif est alors distinguée de la liquidité du marché. La première est relative aux attributs de l'objet à échanger et la deuxième se rapporte à la qualité de la structure d'échange. En d'autres termes, la liquidité d'un actif est son aptitude dans le temps à être transformé en fonds disponibles. En revanche, la liquidité du marché est l'aptitude du marché à garantir aux participants la facilité de traiter rapidement et à des prix raisonnables. Elle est donc une qualité recherchée du marché sur lequel un actif est échangé.
Cette performance n'est pas totalement indépendante de la qualité individuelle de l'actif mais elle repose principalement sur les aspects organisationnels du marché. Nous nous intéressons dans ce qui suit aux aspects qui affectent la structure d'échange en vue de produire la liquidité.
Dans ce sens, Bernstein (1987), Garbade (1989), Schwartz (1993)…décrivent la liquidité du marché par trois éléments complémentaires mais qui prêtent facilement à confusion: Breadth 35 (largeur), Depth (profondeur),et Resiliency (résilience 36 ou résistance).
Dans certains écrits, la largeur est évoquée sous le terme "width". Son aspect opposé est la "thinness" que nous traduisons par légèreté ou minceur.
Dans les sciences physiques, la résilience caractérise la résistance aux chocs.