I.3.1 Le ratio de liquidité

Le ratio de liquidité est le volume du capital échangé rapporté à la valeur absolue du pourcentage de variation du prix du titre, sur un intervalle de temps donné. Plus le ratio est élevé, plus le marché est liquide.

Cooper, Groth et Avers (1985) ont utilisé ce ratio dans un travail empirique cherchant à mesurer l’aptitude d’un titre à résister aux effets des grandes transactions. L’idée était de montrer que les titres ayant une valeur négociable importante (une large capitalisation boursière) absorbent mieux les effets des grandes transactions que des titres à petite valeur marchande. Leur méthode consiste à mesurer un ratio de liquidité sur un horizon de temps de quatre semaines. Les titres ont été regroupés en classes selon leurs seuils de capitalisation.

Ils concluent alors que le ratio de liquidité varie directement avec la valeur du titre: il augmente quand celle-ci est importante et diminue pour les titres à faibles valeurs marchandes. Les auteurs soutiennent ainsi que les titres chers sont plus liquides.

Cependant, ils montrent aussi que le ratio utilisé n’est pas représentatif de chaque classe de titres. En effet, au niveau de chaque classe, la valeur minimale du ratio était tellement faible qu’elle témoignait de l’existence de l’illiquidité dans toutes les classes, indépendamment des valeurs des titres. Cette conclusion rejoint la critique de Jousset sur l'approche du court terme qui caractérise les ratios de liquidité. Leur évolution ne renseigne pas sur une tendance structurelle de la liquidité.

Marsh et Rock (1986) mettent en exergue un autre problème relatif à l’utilisation de ce ratio fort populaire sur les places financières. Il s’agit de la relation qui relie la variation du volume des transactions et la variation des prix. Dans ce sens, les auteurs ont montré que la proportionnalité recherchée entre le volume de transaction et la variation des prix est uniquement justifiée jusqu'à un certain seuil des transactions (10 000 titres dans leur étude). Au-delà de ce volume de titres, les prix cessent de varier à la même vitesse que le volume de transaction. De plus, la variation des prix ne tend pas vers zéro quand le volume de transaction est réduit à zéro. Par conséquent, il est évident que ce type de ratios augmente quand le volume de transaction augmente. En revanche, il ne renseigne pas sur les différences de la liquidité sur les marchés. Il reflète uniquement les effets de la taille du marché.

Grossman & Miller (1988) critiquent l'utilisation du ratio de liquidité pour mesurer la liquidité des marchés. Ils soutiennent que le ratio de liquidité fournit des renseignements sur la corrélation entre le changement des prix et les volumes échangés mais ne peut pas évaluer l'étendue de la liquidité sur un marché. En effet, le ratio de liquidité ne répond pas à une logique de la liquidité en terme d'immédiateté des échanges. Il est plutôt une mesure de l'élasticité de la demande sur le marché et ne permet pas de comparer la liquidité sur deux marchés différents.

Jousset (1992) souligne que les ratios de liquidité restent toutefois ambigus bien que leur utilisation soit fréquente sur les places boursières américaines. En effet, l'objectif des ratios de liquidité est de mettre en exergue la stabilité des prix: une petite variation des prix pour des grands volumes d’échanges. Une telle stabilité peut correspondre à la liquidité structurelle du titre (précisément la profondeur) ou résulter d'un ajustement lent à un changement de l’information fondamentale (marché inefficient). Il devient ainsi difficile de dissocier les différentes composantes engendrant le mouvement des prix. Autrement dit, les ratios de liquidité renseignent mieux sur la liquidité dans un milieu informationnel efficient et dans une approche à court terme. En revanche, ils ne peuvent pas justifier la liquidité structurelle du marché.