La profondeur est souvent mesurée par les ratios de variance. Ces derniers regroupent tous les essais statistiques qui cherchent à expliquer les variations des prix en isolant l'effet des fondamentaux de l'effet des déséquilibres aléatoires de l'offre et de la demande. On peut y inclure tous les travaux traitant de la modélisation de la fourchette. Néanmoins, nous nous contentons de présenter ici quelques mesures qui se distinguent par leur simplicité de calcul.
Gouriéroux, Jasiak & Le Fol (1999) mesurent la profondeur en analysant le carnet d'ordres (la feuille du marché). La profondeur correspond alors à la quantité des titres qui est inscrite en première ligne, c'est-à-dire celle qui peut être échangée aux limites du marché 39 .
Al Suhaibani & Krysanowski (2000) mesurent la profondeur d'une manière plus générale par les quantités demandées ou offertes pour n'importe quel prix offert ou demandé:
‘"The depth is the number of shares offered or demanded at a given bid or ask." P 1330.’En revanche, Engle & Lange (2001) critiquent l'utilisation des ratios de variance qui renseignent sur la volatilité des cours et celle des volumes de transaction pour mesurer la liquidité. Ils considèrent que ces indicateurs ne représentent pas des mesures directes de la liquidité même s'ils sont corrélés. Ils proposent alors une mesure de la profondeur en terme de quantité résiduelle de titres qui ne peut pas être absorbée par le marché 40 .

di: le sens de la transaction; d=1 en cas d'achat ; d=-1 en cas de vente.
voli: le nombre de titres échangés.
Pour résumer, il existe diverses mesures de la liquidité du marché. Certains indicateurs sont consacrés à l'explication des variations des prix de transaction. En revanche les mesures pratiques mettent en exergue la taille du marché ou l'activité du marché. Les opinions sont partagées quant à la pertinence de ces indicateurs. L'utilisation d'une mesure au détriment d'une autre demeure un choix individuel en fonction des objectifs à atteindre.
Ce paragraphe avait pour objectif de définir la liquidité du marché, de déceler les caractéristiques des marchés liquides et de proposer des mesures pour son évaluation.
La liquidité du marché est une performance organisationnelle des marchés. Elle signifie précisément leur faculté à garantir aux participants désireux d'échanger un actif la facilité de traiter rapidement et à des prix raisonnables.
Or la réalisation de cette performance est entravée par les imperfections des marchés en l'occurrence, l'existence des coûts de transaction et de l'asymétrie d'information.
En effet, les coûts de transaction et l'asymétrie d'information ralentissent les échanges, dispersent les prix et entravent la révision fréquente des portefeuilles. Par conséquent le marché manque de liquidité naturelle. L'exécution des ordres à des prix raisonnables nécessite le recours aux faiseurs de marchés quand c'est possible.
Or la liquidité artificielle produite par l'intermédiation est plus coûteuse parce qu'en plus des composantes ordinaires des coûts de transaction, les investisseurs sont appelés à payer la marge du faiseur de marché. Il devient donc préférable de garantir le maximum de liquidité naturelle par des aspects organisationnels.
Les marchés liquides sont caractérisés par trois dimensions: la largeur, la profondeur et la résilience. Un marché large est un marché équitable (accessibilité) et épais (présence des investisseurs institutionnels) permettant la rencontre d'un grand nombre d'intervenants. En plus de l'équité et de l'accessibilité, la diversité des opinions et l'existence d'un grand nombre de titres échangeables et substituables favorisent la liquidité.
Un marché profond est un marché régulier et transparent permettant d'échanger des quantités substantielles de titres sans perturber les prix. Cette performance est partiellement reliée à la largeur. Néanmoins, elle implique la transparence du marché permettant ainsi aux investisseurs une meilleure connaissance des prix et des quantités.
Un marché résilient est un marché capable d'absorber rapidement les chocs des prix. Elle est la conséquence naturelle de la largeur et de la profondeur.
La liquidité du marché peut être évaluée par diverses mesures théoriques et pratiques dont les principales sont le ratio de liquidité, les indicateurs de développement (capitalisation boursière, volume de transaction), les indicateurs de rotation (rotation des capitaux, rotation des titres).
Néanmoins, la mesure théorique la plus évoquée dans la littérature est la fourchette des prix.
Gouriéroux, Jasiak & Le Fol (1999) "The first approach may be implemented by analyzing the order book. At each time t, orders from both sides of the market are ordered in queues. The absorptive capacities of the queues on the demand and supply sides arise as natural liquidity measures. Any trades involving volumes exceeding the capacity of the first line of the queues (usually called the depth of the market) create price effect." p 196.
"Clearly neither volume nor volatility is a direct measure of liquidity, although they are closely connected…This paper introduces a new, intraday statistic for market depth. Quoted depth reflects the number of shares that can be bought or sold at a particular bid or offer price. The new statistic, VNET, measures the number of shares purchased minus the number of shares sold over a period when prices moved a certain increment, and it is therefore a measure of realized depth for a specific price deterioration. VNET is constructed in event-time, similar to Cho and Frees (1988), and can be measured repeatedly throughout the trading day to capture the short-run dynamics of market liquidity." p 114.