II.2.3 Décentralisation

La décentralisation

Dans la comparaison des marchés centralisés par rapport aux marchés décentralisés, l’accent est particulièrement porté sur les risques relatifs à la fragmentation de la demande.

Les marchés centralisés présentent un avantage indiscutable relatif à la transparence. En effet, l’unicité du prix de transaction reflète une opinion globale de l’état de l’offre et de la demande. En revanche, les marchés décentralisés ne peuvent pas garantir cette transparence à cause de la fragmentation de la demande et de la dispersion de l’information. Par ailleurs, la performance des marchés décentralisés supporte une contrainte relative à la discontinuité des échanges et à la dilution de la liquidité.

Parce que les marchés décentralisés sont souvent des marchés automatisés, la continuité des cotations est soumise à un risque mécanique. Ainsi, une panne informatique peut réduire l’ensemble des opérateurs à l’inactivité en les privant de traiter à temps et de se couvrir contre certains risques.

Au-delà du risque mécanique, la continuité des cotations sur des marchés décentralisés se heurte parfois au décalage horaire. La discontinuité des échanges due au décalage horaire est à l’origine d’un accroissement de la volatilité sur les marchés suspendus lors des heures de fermeture.

Néanmoins, le risque majeur auquel sont confrontés les marchés décentralisés concerne la dilution de la liquidité dans le temps et dans l’espace. Dans ce sens, Amihud & Mendelson (1986) montrent que lorsqu’un titre peut être négocié sur plusieurs marchés, la liquidité de chaque marché est diminuée parce que le flux d’ordres est partagé.

Cette suggestion a bénéficié d’une confirmation formelle grâce au travail de Pagano (1989). Il montre que quand un titre est négocié sur deux marchés, les investisseurs choisissent de placer leurs ordres sur le marché qui a initialement le nombre de participants le plus élevé. Ce comportement même s’il est relativisé par l’existence des coûts de transaction permettant la coexistence des deux marchés, finit par faire disparaître le marché le moins liquide.

De même, Economides & Siow (1988) affirment que le niveau de liquidité influence la multiplication des marchés. En effet, les intervenants préfèrent les marchés liquides parce qu'ils leur permettent d'échanger à des prix plus bas que les marchés illiquides. La division des marchés diminue leur liquidité par la dispersion des intervenants. Or la liquidité est un phénomène auto-générateur alors les marchés liquides deviennent encore plus performants et les autres finissent par disparaître.