Pour mieux comprendre les causes qui ont conduit à l'hypothèse de la désintermédiation, il est pertinent de revenir sur les fonctions de l'intermédiaire et de celles des marchés.
Dans ce sens, le besoin de financement par d'autres moyens que le crédit bancaire, qui a montré ses limites dans les périodes inflationnistes, a redonné au marché du capital sa place théorique dans l'apport de fonds nécessaires à la croissance économique.
En effet, face à un besoin de financement deux voies s'offrent à l'entreprise: le financement interne ou le financement externe. Le financement interne se résume à la possibilité de s'autofinancer par incorporation des réserves prélevées sur les bénéfices. Or l'autofinancement est une possibilité limitée pour l'entreprise. Elle éprouve donc la nécessité de recourir à des sources extérieures de fonds.
Parmi les sources du financement externe, l'entreprise a le choix entre la finance directe et la finance indirecte. La finance directe consiste à émettre des titres (négociables ou non) primaires qui seront directement souscrits par des agents non financiers. La finance indirecte consiste à recourir à des institutions spécialisées pour bénéficier de leurs émissions de titres indirectes. La prédominance du crédit bancaire dans la finance indirecte à conduit à confondre financement intermédié et financement par crédit bancaire. C'est ainsi que la montée du marché du capital et la régression du financement par le crédit bancaire ont laissé croire à un phénomène de désintermédiation.
En réalité, la montée des marchés des capitaux a replacé l'intermédiation financière dans son contexte théorique préalable qui est celui de Gurley & Shaw. Pour revenir à leur définition, l'intermédiation financière serait alors l'activité principale qui consiste à transformer des titres primaires en titres secondaires. L'intermédiation financière dans ce contexte précis est complètement opposée aux techniques financières distributives qui consiste à faciliter le négoce sur les marchés.
Dans le premier cas, l'intermédiaire fait écran. Les emprunteurs et les prêteurs ultimes ne se connaissant pas dans la mesure où l'intermédiaire absorbe les titres primaires, émis par l'emprunteur, et met à la disposition du prêteur ultime des titres secondaires, émis par l'intermédiaire. Cette intermédiation est une véritable transformation financière qui implique le bilan de l'intermédiaire.
Dans le deuxième cas, l'intermédiation sert à mettre en relation les acheteurs et les vendeurs ultimes. L'intermédiaire rapproche les prêteurs et les emprunteurs par la réduction de leur disparité mais aucune transformation ne touche les titres primaires. Cette intermédiation se limite donc au moment des échanges sur le marché.
Les deux aspects ci-dessus exposés soulignent l'intermédiation de bilan et l'intermédiation de marché:
‘"Deux types d'intermédiation seront d'abord distinguées: la transformation financière ou intermédiation de bilan d'une part, le négoce financier ou intermédiation de marché d'autre part". 79 ’
Courbis (1987), p 8.