II.2 La Largeur

II.2.1 Capitalisation boursière et rapport au PIB

La capitalisation boursière, indicateur principal du degré de développement des marchés boursiers, a connu une évolution positive mais irrégulière. En effet, le marché tunisien totalise 3 883 millions de dinars à la fin de 1999, soit plus de sept fois que son niveau observé en 1990. Cette évolution présente trois phases caractéristiques :

  • De 1990 à 1995 : le marché présente une progression soutenue durant les trois premières années avec une croissance annuelle de l’ordre de 40%. Ainsi, la capitalisation boursière atteint en 1993 le seuil de 1000 millions de dinars. A partir de 1994, le marché connaît une explosion des capitaux boursiers et la capitalisation culmine à un niveau historique : 3967 millions de dinars en 1995. Il a ainsi évolué selon un taux moyen de 75% entre 1993 et 1995.
  • De 1996 à 1998 : Le marché se replie en 1996 et la capitalisation boursière affiche un léger recul de 70 millions de dinars. Cependant, la situation s’aggrave en 1997 en enregistrant une baisse substantielle de 1260 millions de dinars, soit 32,4% des capitaux boursiers de l’année précédente. En 1998, le marché résiste à une dégradation plus désastreuse mais ne réussit pas à absorber les effets de la chute des cours et finit l’année avec seulement 2452 millions de dinars.
Figure 9 : Evolution de la capitalisation boursière (en millions de dinars)
Figure 9 : Evolution de la capitalisation boursière (en millions de dinars)

Source : De 1990 à 1994 : rapports d’activité de la BVMT ; de 1995 à 2000 : statistiques de la BCT.

Depuis 1999 : En 1999, on assiste à une reprise tangible de la capitalisation boursière qui atteint un niveau de 3325 millions de dinars gagnant ainsi 873 millions de dinars. Cette reprise s’est consolidée durant l’année 2000 car le marché boursier totalise 3 883 millions de dinars à la fin de l’année.

Globalement, la capitalisation boursière a connu une croissance annuelle moyenne de 288 millions de dinars durant la dernière décennie. Cependant, il convient de modérer cette performance dans la mesure où, d’une part, ce niveau de capitalisation demeure restreint comparativement à des marchés émergents similaires tels que l’Egypte et le Maroc. D’autre part, le rapport de la capitalisation boursière au PIB a connu une évolution très irrégulière.

Figure 10 : Evolution de la capitalisation boursière sur le marché marocain
Figure 10 : Evolution de la capitalisation boursière sur le marché marocain

Source : De 1984 à 1993 : Rapport de la S.F.I. en 1994. De 1994 à 1998 : www.maroc-finance.com . Les données sont traitées conformément aux taux de change annuels (voir annexe7)

En effet, le rapprochement de la capitalisation du marché tunisien de celle observée chez son homologue marocain confirme son irrégularité et son niveau relativement bas. Depuis 1984, le marché marocain a vu son seuil de capitalisation évoluer d’une manière plus stable et expansive amenant ainsi le montant des capitaux boursiers de 966 millions de dollars en 1990 à 15 107 millions de dollars à la fin de 1998. La tendance a ainsi été renversée par rapport à la période 1984-1989 où le marché tunisien dépassait le degré de développement du marché marocain.

De plus, la part des capitaux boursiers dans la valeur ajoutée nationale demeure assez limitée même si elle a enregistré une évolution positive durant ces dix dernières années. En fait, après une croissance continue entre 1990 et 1995 où le rapport de la capitalisation boursière au PIB passe de 4,42% à 22,40% on assiste à partir de 1996 à une régression ramenant ce rapport à seulement 10,8% en 1998. Une légère amélioration est ressentie en 1999 où ce rapport gagne 3%.

Figure 11 : Capitalisation boursière par rapport au PIB (en millions de dinars)
Figure 11 : Capitalisation boursière par rapport au PIB (en millions de dinars)

De plus, le rapport de la variation de la capitalisation boursière à l’accroissement de PIB permet de conclure que le marché boursier tunisien n’a pas profité de la croissance économique connue ces dernières années. En effet, l’accumulation des capitaux boursiers a globalement évolué d’une manière plus lente que le PIB à l’exception des années 1994 et 1995 où la capitalisation boursière a augmenté d’une manière plus que proportionnelle (133% en 1995). D’ailleurs, les années 1996-1998 ont été marquées par une évolution inverse à la croissance économique.