Conclusion

En conclusion, plusieurs réformes ont été apportées aux cadres législatif, fiscal et organisationnel du marché boursier tunisien durant la dernière décennie. Elles ont permis d’encadrer la notion d’appel public à l’épargne et de délimiter les attributions ainsi que les responsabilités des intervenants sur le marché. Elles ont également modernisé le système de négociation et ont apporté de nombreuses garanties en terme de protection des épargnants.

Ces essais de réorganisation et les encouragements fiscaux ont été relativement bénéfiques au développement du marché. Les indicateurs en témoignent: la capitalisation boursière a été multipliée par sept en dix ans, le volume des échanges a dépassé dix fois son seuil de 1990 et le nombre des sociétés cotées est cinq fois plus important. Néanmoins, le marché reste inactif et structurellement illiquide.

En effet, le marché demeure étroit avec seulement 44 valeurs cotées et une forte concentration en faveur du secteur financier. De plus, le rapport de la capitalisation boursière au PIB est limité. Un facteur de l'illiquidité durable est reflétée par la dominance du marché hors cote. En effet, sur l'ensemble de la période, la hors cote s'est montrée plus active que le marché officielle.

Ensuite, les actions cotées sont échangées en petites quantités par rapport aux capitaux admis. Certaines d’entre elles ont bénéficié de grands volumes de transaction laissant apparaître une liquidité artificielle du titre. Cependant, l’analyse en terme de vitesse de circulation des capitaux ou de rotation physique des titres montre que les échanges n’ont concerné que des parts réduites de l’ensemble des capitaux négociables (ou des titres).

Par ailleurs, la liquidité survient occasionnellement en fonction de la conjoncture économique ou des décisions étatiques (la baisse du taux du marché monétaire ou l'annonce des avantages fiscaux).

Même si l'étude chiffrée laisse apparaître une corrélation positive entre le niveau de capitalisation et le montant des capitaux traités (ou titres échangés), cette relation est atténuée quand l’analyse porte sur les taux de rotation. Toutes les classes de capitalisation souffrent de la même manière d’une rotation réduite des titres (ou des capitaux).

Ainsi, il devient difficile de maintenir sur ce marché une liquidité durable. Notre hypothèse principale sur l’illiquidité du marché boursier tunisien est donc validée. Le problème est situé à priori des deux côtés du marché. L'offre est limitée en dépit des incitations fiscales et la demande est inhibée par la conjoncture défavorable qu'a connu le marché entre 1996 et 1998. La reprise de 1999 laisse espérer une activation durable. Il devient donc opportun de s'attaquer à ce problème d'illiquidité.

Pour mieux déceler ses causes et les solutions envisageables, nous avons jugé bénéfique de consulter les intermédiaires en bourse. D'une part, la théorie leur attribue la production de liquidité quand celle-ci n'est pas naturelle. D'autre part, ils demeurent les mieux informés sur les aspects concrets de la vie boursière.