Longtemps marginalisée, l’intermédiation boursière en Tunisie est une profession qui renaît au début des années 1990 avec la réforme du marché financier.
En effet, les agents de change, selon l’ancienne appellation, étaient très peu nombreux et appartenaient dans la majorité des cas à la profession bancaire. Cette dualité d’exercice et l’environnement boursier défavorable de l’époque ont réduit l’intermédiation en bourse à un simple exercice de compensation de valeurs mobilières. La profession manquait alors d’encadrement réglementaire et de bases techniques. Elle souffrait également de la carence de personnes qualifiées et spécialisées.
La réforme du marché financier en 1989 a permis de redresser le secteur avec une première réglementation encourageant la création d’entités boursières spécialisées. Sans éliminer dans un premier temps les banques, l’arrêté du Ministère des Finances du 18 janvier 1990 établit les conditions d’agrément, d’exercice et les obligations des intermédiaires en bourse. Cependant, la profession demeurait dominée par les banques de la place : 23 intermédiaires avaient obtenu leur agrément à la fin de 1993 dont 13 banques, 8 sociétés et 2 personnes physiques.
La réorganisation du marché en 1994 a permis de mettre fin à cette situation en interdisant aux banques le cumul des deux professions. Ces dernières devaient alors créer des sociétés indépendantes si elles voulaient continuer à intervenir sur le marché boursier. La réglementation de 1994 a également élargi l’activité de l’intermédiaire en bourse. Le règlement intérieur de la bourse homologué en 1997 et modifié en juin 2000 a encadré les modalités techniques et pratiques de leurs actions.
Il apparaît ainsi qu’en dépit de leur jeune âge et de l’absence d’une culture professionnelle, les intermédiaires en bourse tunisiens se sont vus attribuer la mission difficile de dynamiser un marché naissant face à des contraintes économiques et culturelles domestiques.
Telles sont les conditions qui ont entouré le démarrage de la profession boursière en Tunisie. Néanmoins, le contexte boursier a changé et les obligations des intermédiaires ont évolué. Le développement du marché implique davantage de capitaux et de technicité. Leur rôle est indiscutable quant à l'essor de la bourse tunisienne et à l'amélioration de sa liquidité.
Ce chapitre est ainsi consacré à la présentation de la profession boursière et à la position des intermédiaires en bourse face au problème d'insuffisance de liquidité sur le marché tunisien.
La première section retrace le cadre réglementaire du métier ainsi que les caractéristiques des intermédiaires en bourse à la fin de 1998 105 .
La deuxième section est consacrée à l’analyse de leur conception générale de la notion de liquidité du marché et montre sa méconnaissance à travers une étude lexicale.
L'avis des intermédiaires sur le cas particulier du marché tunisien est exposé dans la troisième section. Cette analyse repose sur les résultats de l’enquête réalisée auprès des intermédiaires en bourse en septembre 1998.
L’analyse de la profession boursière en Tunisie est abordée grâce à une enquête empirique réalisée entre mars 1998 et septembre 1998. Les questions ont été formulées conformément à la réglementation et aux conditions d’exercice qui étaient en vigueur. Cependant, le métier a été réformé en novembre 1999. En revanche, le contenu de cette réforme ne touche pas l'intérêt de l'enquête. Elle a surtout porté sur le statut juridique des sociétés de bourse.