I.3 Les caractéristiques des sociétés de bourse tunisiennes

Cette partie consiste à caractériser les sociétés de bourse en terme de statut juridique, de capitalisation et des moyens humains et techniques déployés pour la réalisation de leur activité. Elle rapporte les résultats de la première partie de l'enquête réalisée auprès des intermédiaires en 1998 ¹²⁶ .

Question : Quel est votre statut juridique d’intermédiaire en bourse ?

• Société rattachée à une banque de la place
• Société indépendante
• Personne physique

La population des intermédiaires en bourse tunisiens est composée essentiellement de sociétés anonymes, indépendantes ou rattachées à des banques de la place. Seulement deux intermédiaires personnes physiques étaient en exercice à la fin de septembre 1998. Constatons à ce niveau la quasi-parité entre les sociétés indépendantes et les filiales des banques contrairement à l’idée appréhendée à propos de l’envahissement de la profession par le secteur bancaire.

Question : Quel est votre seuil de capitalisation ?

• Inférieur à 100 000 DT ¹²⁷
• Entre 100 000 DT et 500 000 DT
• Supérieur à 500 000 DT

93% des sociétés de bourse tunisiennes ont un capital social supérieur à 500 000 dinars. Il est à rappeler que la réglementation qui est en vigueur impose aux sociétés de bourse indépendantes un seuil minimum de capitalisation de l’ordre de 100 000 DT ¹²⁸ . Pour les personnes physiques, l’arrêté ministériel n’a pas précisé une limite. Cependant, il s’avère à travers les réponses à cette question que seuls les deux intermédiaires personnes physiques ont un capital entre 50 000 DT et 100 000 DT.

Question : Combien de personnes employez-vous ?

• Personnel administratif
• Mandataires pour le parquet
• Personnel pour le traitement back-office
• Autres (analystes financiers, gestionnaires de portefeuilles...)

La réponse à cette question nécessite l’inscription de l’effectif dans la case représentant la catégorie du personnel employé. Nous avons ensuite établi une plage de répartition à la lumière des résultats globaux.

La majorité des sociétés de bourse, représentant 65% de la population, emploie en moyenne une dizaine de personnes. Cependant 14% des sociétés, toutes des filiales de banques, possèdent un effectif supérieur à 20 personnes. En réalité, les responsables avaient parfois précisé qu’ils avaient incorporé dans leurs chiffres le nombre des personnes réalisant le traitement back-office au sein de la maison mère. De toute manière cette catégorie de personnes employées constitue en moyenne 32% du personnel des entreprises étudiées.

En revanche, le nombre des conseillers financiers n’excède pas en moyenne 3 personnes, soit 28% de tout le personnel. Finalement, chaque société de bourse dispose en moyenne de deux mandataires pour la négociation sur le parquet excepté les grandes sociétés qui peuvent recruter jusqu'à 5 personnes.

En résumé, les diverses fonctions au sein d’une société de bourse sont équitablement représentées.

Question: Disposez-vous d’un matériel informatique ? Quel type ?

• Matériel interne
• Logiciels personnels
• Matériel connecté à la salle de cotation
• Logiciels ordinaires

Toutes les sociétés de bourse tunisiennes disposent d’un matériel informatique très performant. Cet équipement sert au traitement des ordres, à l’analyse financière des données sur les entreprises cotées mais il n’est pas lié à l’ordinateur central de la bourse. Il est à préciser que les citations mentionnant la présence d’un matériel connecté au parquet font référence à la présence d’un modem permettant seulement la diffusion en temps réel des cours et des feuilles de marché.

Question : Combien d’années d’expérience professionnelle avez-vous dans le domaine de la gestion des titres ?

• Inférieure à 5 ans
• De 5 à 10 ans
• Supérieure à 10 ans

L’ensemble des directeurs peut être partagé en deux groupes quant à leur ancienneté dans le domaine de la gestion des titres. D’une part, 44% des intermédiaires avaient bénéficié d’une expérience professionnelle supérieure à 10 ans souvent acquise au sein d’une banque. D’autre part, 56% de la population représente des jeunes diplômés qui ont intégré récemment la profession.

Il est à rappeler à ce niveau que les intermédiaires en bourse doivent avoir une maîtrise ou un diplôme équivalent en plus d'une expérience de 5 ans au moins. En outre, lors de notre deuxième rencontre avec le responsable de l’association des intermédiaires en bourse, ce dernier nous a révélé le projet de création d’un institut spécialisé dans la formation des diplômés dans l’intermédiation de marché sous l’égide de la bourse. En attendant, les autorités du marché ainsi que les banques ¹²⁹ assurent continuellement des séminaires et des cycles de formation pour les cadres du domaine. Ces formations sont faites parfois en collaboration avec des institutions des marchés développés ¹³⁰ .

Question : Quel type d’activité exercez-vous ?

• Courtier
• Contrepartiste
• Teneur de marché
• Activité mixte

.

90% des intermédiaires en bourse exercent une activité mixte incorporant le courtage, le conseil, l’analyse financière, la gestion libre des portefeuilles titres et le montage des opérations d’introductions en bourse.

L’activité de contrepartie n'a pas été citée à titre particulier justifiant ainsi l'absence de la spécialisation des intermédiaires dans les opérations de contrepartie. En revanche, un intermédiaire avait précisément mentionné l'exercice de la tenue de marché.

En résumé, les sociétés en bourse tunisiennes sont majoritairement des sociétés anonymes assez hautement capitalisées surtout quand elles sont des filiales de banques. Elles emploient en moyenne un personnel qualifié. De plus, elles sont bien équipées en terme de matériel informatique et de communication. Leur activité principale s’est orientée vers la négociation des valeurs mobilières et le conseil financier.

Il devient ainsi légitime de les comparer aux sociétés de bourse exerçant sur les marchés plus développés tels que le marché français.

L’activité de contrepartie, considérée comme le moyen le plus efficace pour le service de liquidité pour les petites valeurs, est très peu pratiquée en Tunisie en dépit de la réglementation favorable et des compétences humaines. En plus, cette situation n'est pas liée à un problème de capitalisation. Nous pouvons supposer que ce vide est plutôt lié à une tradition historique assez limitée des métiers de la bourse. Tout laisse à espérer une évolution plus intéressante dans les années à venir si les mesures nécessaires sont prises à temps.

Soulignons également l’absence du métier de compensateur de l’ensemble des activités autorisées.