Les premières sociétés d’investissement ont été créées au début des années 1990 sous la forme de SICAF. La majorité d’entre elles appartenait à des sociétés de développement régional ou à des sociétés de holding. Leurs portefeuilles étaient ainsi constitués de participations dans la société mère et ses filiales. La mobilisation de l’épargne publique recherchée par la promotion des OPCVM n’était pas satisfaisante et l’actionnariat des SICAF était resté réduit et renfermé : en 1991, 17 SICAF en activité ont drainé 100 millions de dinars souscrits par 233 personnes physiques et 97 personnes morales.
La réforme de 1992 qui a supprimé l’avantage fiscal absolu 151 sur l’activité des SICAF et l’arrivée sur le marché boursier des premières SICAV ont partiellement changé la tendance de l’activité des sociétés d’investissement.
En effet, la réforme a permis l’assouplissement des règles prudentielles et des ratios d’emploi pour les SICAF en leur attribuant plus de liberté pour intervenir sur le marché boursier.
Par ailleurs, les SICAV ont démarré leur activité d’une manière modeste. En 1992, elles ont réussi à collecter 6 millions de dinars contre 155 millions investis en SICAF. La multiplication de leur nombre, 6 en 1993 et 17 en 1994, a permis de mobiliser plus de capitaux et les fonds gérés par les SICAV ont ainsi atteint 97 millions de dinars en 1993.
En revanche, une grande partie de ces fonds, 97% en 1993, était allouée à l’investissement en titres de créance. Du côté des SICAF, certaines d’entre elles ont fait des progrès en matière d’acquisition des actions. Cependant, les autres se sont montrées surtout intéressées par la participation dans les sociétés innovatrices. Il était alors temps de réglementer cette catégorie d’investissement. D'où la création des SICAR.
Les avantages fiscaux préalablement accordés aux SICAF ont été transférés à l’activité des SICAR en incitant certaines SICAF à changer de forme. A la fin de 1996, on comptait alors 86 SICAF, 9 SICAR et 15 SICAV dont quatre spécialisées dans la gestion des titres de créance. Elles ont mobilisé en 1994 respectivement 482, 48 et 521 millions de dinars. Les SICAV se montraient ainsi les plus performantes.
Cette situation s’est consolidée en 1997 avec un total de 681 millions de dinars pour le compte des SICAV contre 513 millions de dinars pour les SICAF.
Cette perte de capitaux s’explique par la récession du marché, la baisse des cours et le rabattement des fonds sur des titres moins risqués. Durant l’année 1998, l’activité des SICAF a stagné alors que les fonds gérés par les SICAV ont montré une croissance de 24%. L’activité des SICAR s’est particulièrement accrue. Cette catégorie a enregistré une évolution de l’ordre de 42% en totalisant ainsi 188 millions de dinars.
L’amélioration de la conjoncture boursière en 1999 a été favorable à l’ensemble des sociétés d'investissement. Les SICAV mixtes ont profité de cette reprise du marché en diversifiant leur actionnariat. La reprise du marché boursier a particulièrement touché l’activité des SICAV obligataires dont les actifs ont culminé à 989 millions de dinars, soit une variation positive de 32.5% comparativement à 1998. Cet accroissement peut être attribué au lancement des Bons de Trésor Assimilables (BTA) et des Bons de Trésor à Court Terme (BTCT) 152 . Cette catégorie de titres sans risque a intéressé les épargnants en quête de titres liquides en dépit même de leur rendement modéré.
En réalité, l’orientation des fonds collectés par les sociétés d’investissement vers les titres de créance n’est pas une situation ponctuelle en réponse à l’innovation des Valeurs de Trésor. Elle semble plutôt une caractéristique de l'activité des sociétés d'investissement tunisiennes. En effet, l’analyse de la structure des fonds gérés par les SICAV laisse voir une orientation accrue vers les titres de créance.
En dépit de la spécialisation des SICAV obligataires, même les SICAV mixtes accordent plus d’intérêt aux actifs sans risque. Dans ce sens, la part accordée à l’investissement en actions n’a cessé de décroître. Elle représente seulement 7% de l’ensemble des actifs gérés par toutes les sociétés d’investissement durant 1998 et 1999. Elle représentait 9% en 1997 et 26% en 1996.
En vue d'encourager la création des sociétés d'investissement, les autorités publiques avaient accordé un dégrèvement fiscal total sur les revenus des SICAF. Depuis 1992, l’avantage fiscal est conditionné par l’emploi de plus de 50% des fonds dans l’acquisition d’actions.
En 1999, les émissions des Bons de Trésor Assimilables et des Bons de Trésor à Court Terme ont atteint respectivement 696 et 759 millions de dinars.