IV.L’enquête directive
- Toutes les sociétés de bourse interrogées disposent d’un capital supérieur à un million de francs. Elles sont donc considérées comme des sociétés hautement capitalisées et peuvent même être comparées à la taille des spécialistes sur le NYSE. Cependant, ce seuil de capitalisation n’est peut être pas atteint en Tunisie.
- Ces entreprises emploient en moyenne 23 personnes allouées à diverses activités de l’intermédiation. En effet, 19% des personnes travaillant pour une société de bourse dans cet échantillon effectuent des tâches purement administratives. En revanche, 46% des personnes réalisent un métier d’analyse et d’ingénierie financière alors que 2% seulement du personnel peuvent être des mandatées pour effectuer des opérations de titres ; ceci est mieux expliqué par le taux de connexion à la bourse de Paris et la négociation à partir des salles de marché au sein des banques. En effet, 60% des entreprises interrogées disposent de terminaux connectés à l’ordinateur central de la bourse. Il est à noter également l’importance du personnel destiné au traitement des opérations back-office occupant en moyenne 33% des effectifs.
- En matière d’expérience dans le domaine d’intermédiation, deux entreprises sur cinq exercent ce métier depuis plus de 20 ans et une depuis moins de 10 ans. Les deux autres disposent d’une expérience entre 10 et 20 ans. Vue l’âge plus jeune des sociétés de bourse tunisiennes, les plages du nombre d’années d’expérience seront réduites.
- A l’exception d’une seule société qui a le statut de compensateur, le reste des intermédiaires exercent à la fois le courtage, la tenue de marché et la contrepartie.
- Pour définir la liquidité des marchés boursiers, 3 intermédiaires ont eu recours à l’utilisation du terme efficience, 2 ont songé à l’instantanéité des échanges et 2 ont opté pour la profondeur. Aucun intermédiaire n’a évoqué le terme résilience et un seul avait relié la liquidité à un faible coût de transaction et à la largeur du marché. En outre, un intermédiaire a défini la liquidité en terme de capitalisation boursière. En résumé, un marché liquide serait un marché efficient et profond offrant la possibilités d’une exécution immédiate des ordres émis.
- Dans l’ensemble des moyens susceptibles d’apporter de la liquidité aux marchés organisés, les contrats de liquidité ont été soutenus par 60% des intermédiaires. En deuxième place, la concurrence et l’accès des investisseurs internationaux ont intéressé 40% de la population. Il est à signaler qu’aucun intermédiaire n’a songé à l’adoption d’une séance de cotation plus étendue ni à l’émission des ordres limités ; un seul intermédiaire avait proposé le retour à la cotation au fixage et un autre avait précisé que l’action la plus favorable à la liquidité des Small Caps reste le market making.
- A la question sur la mesure de la liquidité des marchés boursiers, tous les intermédiaires interrogés ont mentionné l’utilisation du volume de transactions sur un marché pour apprécier sa liquidité. En revanche, les résultats ont donné une moyenne de trois mesures possibles par intermédiaire. Ainsi, 3 intermédiaires utilisent la fourchette des prix affichée, un seul a choisi la rotation des capitaux et 2 intermédiaires sur cinq utilisent le flottant. En revanche, aucun intermédiaire n’avait songé aux ratios de liquidité et de la variance
178
présentés par la littérature comme étant les mesures les plus adaptées après la fourchette des prix.
- Finalement, les investigations sur l’utilisation des termes largeur, profondeur et résilience montrent ce qui suit :
-
- Un marché large est assimilé à un marché de grande taille offrant la possibilité d’avoir des échanges de grandes quantités de titres. En effet, 40% des intermédiaires ont eu recours à l’utilisation simultanée des termes marché de grande taille et des ordres de grandes taille afin de définir la notion de largeur. Ces termes représentent aussi 67% des citations collectées. Les autres citations ont concerné l’importance du volume de transaction et du flux d’ordres. Il est à souligner que les possibilités d’échanges de grande taille ont plutôt attrait à la notion de profondeur. Le nombre des participants a intéressé un seul intermédiaire sur cinq.
- 40% des intermédiaires ont utilisé en même temps les termes volatilité moindre des cours avec un flux d’ordres important et une absorption rapide des variations des cours pour définir la profondeur d’un marché. Il est a noter l’absence de taille des échanges ainsi que des prix concentrés dans la fourchette.
- Quant à la résilience, nous sommes surpris de découvrir que seulement un seul intermédiaire ignore cet aspect du marché. En effet, 80% des intermédiaires interrogés ont bien défini la résilience en la reliant à une absorption rapide des variations des prix et une réponse immédiate au déséquilibres du marché.
En conclusion, l’enquête directive auprès des intermédiaires français a permis de justifier la problématique principale, en l’occurrence la méconnaissance de la notion de liquidité des marchés. En effet, même auprès des professionnels exerçant depuis plus de 10 ans, la liquidité est toujours peu nuancée et encore confondue avec l’efficience. Il existe également une confusion entre la notion de largeur et celle de profondeur.
Par ailleurs, cette première enquête a soulevé la multitude des indicateurs susceptibles d’apprécier la liquidité et permettre un classement des valeurs cotées et surtout la prédominance de mesures peu évoquées par la littérature telles que le volume de transaction et le flottant. En outre, elle a mis en exergue les divers façons d’intermédiation de marché effectuée par un ensemble même réduit des intermédiaires français. Cependant, cette enquête directive ne concerne pas la situation particulière du marché tunisien. D’où la rencontre avec le responsable de l’association des intermédiaires en bourse tunisiens en vue d’une construction complète du questionnaire.
Notes
178.
Le ratio de liquidité rapporte un volume de capital échangé à la valeur absolue du pourcentage de variation du prix de l’actif sur un intervalle de temps donné. Plus le ratio est élevé, plus le marché est liquide. Les ratios de variance regroupent toutes les opérations statistiques cherchant à isoler dans les variations des cours celles qui proviennent des modifications des fondamentaux de celles résultant des déséquilibres de l’offre et de la demande.