V.Interview de Monsieur Hamza KNANI, président de l’Association des Intermédiaires en Bourse, le 04/03/1998

Question 1 : Le marché boursier tunisien connaît une récession depuis la fin de 1995. Quelles sont d’après vous les causes de cette situation?

Réponse : La récession de l’activité du marché boursier tunisien découle de plusieurs origines. Je pense en premier lieu aux mécanismes de l’épargne à long terme et à l’absence d’épargne institutionnelle. Le marché a besoin de connaître de nouveaux produits tels que l’assurance vie et de nouveaux investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension. De plus, je peux évoquer aussi le manque de rentabilité de certaines sociétés cotées et le manque de professionnalisme de la part de certains de mes confrères.

Question 2 : Pensez-vous qu’il existe un manque de liquidité qui soit aussi une cause de cette récession ?

Réponse : Bien entendu. Le marché tunisien souffre d’un manque de liquidité.

Question 3 : Comment caractérisez-vous ce manque de liquidité ?

Réponse : Nous constatons une régression du volume des transactions. Je pense qu’il existe actuellement une crise de confiance entre les investisseurs et les intermédiaires en bourse qui bloque l’émission des ordres. Par ailleurs, la correction des cours par le nouveau système de cotation a suscité la crainte des investisseurs qui ont cherché tous et en même temps à liquider leurs détentions en l’absence d’une demande sur le marché.

Question 4 : Peut - on lier le problème de la liquidité sur le marché tunisien à un coût de transaction élevé ?

Réponse : Non, je ne vois pas le rapport. Le coût de transaction sur le marché boursier tunisien est limité à la commission de courtage. Ensuite, la STICODEVAM 179 permet de réduire le coût de transaction.

Question 5 : D’après vous, que faudrait il entreprendre pour rendre le marché plus liquide ?

Réponse : Quant aux mesures nécessaires à l’amélioration de la liquidité du marché, j’envisagerais la généralisation des contrats de liquidité comme en France. Le contrat de liquidité qui lie un intermédiaire à une société émettrice ou à un actionnaire majoritaire d’un société cotée, permet de réguler les déséquilibres du marché du titre et de stabiliser le cours.

Question 6 : Pensez-vous qu’une éventuelle réforme du statut de l’intermédiaire , voire l ‘instauration d’un nouveau métier, le contrepartiste par exemple, peuvent aider à surmonter ce problème ?

Réponse : La réforme du statut de l’intermédiaire en bourse est en cours. Nous envisageons d’ailleurs la création d’un statut similaire au contrepartiste, le Spécialiste en Valeurs de Trésor. Cependant je ne pense pas que nos sociétés de bourse soient assez capitalisées pour réaliser une réelle activité de contrepartie. Certaines ont même rencontré dans le passé des difficultés de paiement à l’égard de leur clientèle. Il vaut mieux commencer par des Spécialistes en Valeurs de Trésor qui peuvent créer un effet d’apprentissage sur le marché.

Notes
179.

C’est le dépositaire central dénommé Société Interprofessionnelle de Compensation et de Dépôt des Valeurs Mobilières.