Sources écrites

Pour compléter les données issues des enquêtes et de l’observation directe, des recherches concernant les sources écrites, pouvant apporter des informations sur la profondeur historique de ces productions, ont été menées dans divers centres de documentation de la région dont les Archives départementales de l’Ain, la Médiathèque de Bourg-en-Bresse et le Centre d’études et de documentation Ressources des terroirs - Cultures, Usages, Sociétés, du CNRS situé sur le Technopôle Alimentec à Bourg-en-Bresse.

Malheureusement, ces investigations ont été décevantes, rares étant les documents trouvés présentant un véritable intérêt. Les sources les plus nombreuses ont été les bulletins et annales des sociétés savantes dont le Bulletin de la Société des Naturalistes et des Archéologues de l’Ain et le Journal d’Agriculture, Sciences, Lettres et Arts, de la Société d’Emulation de l’Ain. L’enquête menée par le Musée des Arts et Traditions Populaires sur « l’alimentation populaire traditionnelle » aurait pu être un matériel précieux mais les documents portant sur le département de l’Ain n’ont pas été retrouvés. De manière générale, les sources écrites sont peu anciennes, la plupart ne datant que du début du XXe siècle, au mieux de la fin du XIXe. Par ailleurs, elles n’apportent généralement que peu de précisions sur les productions locales et traditionnelles. A l’instar de Laurence Bérard et Philippe Marchenay, nous avons pu constater la difficulté à obtenir des documents anciens portant sur ces productions, dans la mesure où, souvent, celles-ci sont longtemps restées cantonnées à la sphère domestique88. Produites et consommées en famille, elles n’ont donc pas laissé de traces écrites. Seules celles qui étaient commercialisées, c’est-à-dire un nombre limité d’entre elles et toujours les mêmes, se retrouvent dans les documents, qui apportent par ailleurs davantage de données économiques (prix, volumes, etc.) que d’informations sur les usages alimentaires, les fréquences de consommation ou les modes de préparation. De plus, les produits vendus n’étaient généralement pas les mêmes que ceux qui étaient consommés par la population locale. Laurence Bérard et Philippe Marchenay insistent sur le fait que « ‘l’absence d’archives écrites ne veut pas dire pour autant que les produits n’ont aucun ancrage historique’ » et voient dans la collecte des témoignages oraux, en particulier auprès des personnes âgées, le moyen d’obtenir des informations sur le passé proche de ces produits, durée qu’ils estiment à un siècle environ89. Etant donné la pauvreté des sources écrites concernant les productions locales et traditionnelles en Bresse, nous avons accordé une place privilégiée aux enquêtes menées auprès des personnes âgées sur la consommation de cette catégorie de produits. Seule une prospection ethnographique, autorisant des questions précises et pointues, peut produire une base solide pour la compréhension des pratiques de consommation de ces productions locales et traditionnelles.

Notes
88.

Nous avons, entre autre, eu l’occasion d’effectuer des recherches documentaires sur les charcuteries savoyardes qui n’avaient donné que peu de résultats significatifs (Balvet, Bérard, Marchenay, 2000).

89.

Laurence Bérard, Philippe Marchenay, « Le sens de la durée » (sous presse).