Lorsqu’ils constituaient la base de la nourriture, les fromages ne bénéficiaient pas d’une image prestigieuse. Ils étaient, par exemple, proscrits les jours de fête comme en témoigne Marius Tortillet : « ‘manger du fromage un jour de vogue c’était un sacrilège que commit un dimanche de fête à Boissey, mon père alors âgé de quatre-vingts ans, qui incommodé par cette longue succession de plats de viande, réclama un “camion” au véritable scandale de ma bonne cousine qui s’écria : “Oh ! vous n’y pensez pas mon oncle, du fromage, un jour de fête !”’ »179. Le fromage blanc et le fromage fort, consommés en fin de repas, avec du pain, ont longtemps relevé d’une consommation familiale, d’une alimentation intime et non publique. Actuellement leur statut s’est renversé et ils participent maintenant aux repas festifs, et même de manière quasi incontournable pour le premier d’entre eux.
Marius Tortillet, 1927-1928, p.69.