Fabrication maison des productions

Parmi les productions alimentaires fabriquées autrefois dans les fermes, certaines, pourtant également commercialisées, font encore l’objet d’une préparation familiale courante.

Si les brioches sont, depuis longtemps, globalement sorties du registre des savoir-faire domestiques et que leur fabrication est essentiellement artisanale voire industrielle, les tartes et les galettes sont couramment confectionnées par les particuliers, même parmi les plus jeunes. Nombre d’entre eux n’en achètent jamais. Considérant leur démarche représentative de celle de la majorité de la population, un informateur remarque : « ‘elle [son épouse] les fait. La plupart des gens, c’est comme ça, les gens, ils font leurs tartes’ ». En effet, à peine âgée de vingt ans, cette Stéphanoise réagit vivement lorsque j’évoque les tartes du commerce : « ‘tous les desserts, ils ne sont pas achetés hein ! Ils sont tous faits maison, hein ! La tarte sucrée, c’est celle que je fais le plus souvent. Disons que c’est facile à faire’ ». Dans les familles, les tartes sont généralement fabriquées de manière domestique, tandis que les personnes seules, les personnes plus âgées ou au contraire les jeunes ménages sont moins concernés par cette pratique et s’orientent plus facilement vers les commerces.

Par ailleurs, dans certaines familles, bien que l’abattage d’un porc ne soit plus d’actualité, la fabrication de charcuteries maison s’est maintenue. Le civier appartient à la catégorie de ces charcuteries que les particuliers continuent à réaliser. Pour cela, ces derniers se fournissent en viande dans une boucherie charcuterie ou à l’abattoir. Par ailleurs, un informateur s’est lancé dans la fabrication de boudin : « ‘je me suis mis à en faire, j’achète du sang de porc à l’abattoir, et puis on fait du boudin, avec quelques amis, on prend en ville, on achète cinq litres de sang et on le fait’ ». Si cette pratique est peu représentative de celle des autres Bressans, elle révèle néanmoins le désir d’étendre l’auto-production au marge du système. Celui-ci signale d’ailleurs : « ‘ça, c’est pas dans les traditions’ ».

Enfin, quelques personnes, surtout âgées, ont conservé un petit nombre d’animaux et continuent à fabriquer leurs fromages : « ‘y a qu’une vache et deux-trois génisses, c’est tout’ » déclare modestement cette femme qui, à 76 ans, trait encore tous les jours à la main. Ces personnes sont assez peu nombreuses, si bien que l’on peut considérer qu’aujourd’hui, excepté chez certains agriculteurs, rares sont les productions laitières domestiques. Le fromage blanc, le fromage fort, le beurre, la crème, etc. ne sont plus transformés par les particuliers.

Nous n’évoquons que brièvement ces fabrications domestiques dans la mesure où un chapitre leur est consacré (Cf. Chap. 3.2.).