Présentation du marché de Bourg-en-Bresse

Tous les mercredis et samedis matin, Bourg-en-Bresse reçoit un important marché forain. Celui-ci occupe une grande halle appelée le « marché couvert » ainsi qu’une partie des rues et places qui l’entourent dont la place Carriat, la place de la Grenette et le cours de Verdun. Les automobilistes, sous la direction des agents de police, se garent sur l’ancien champ de foire qui sert désormais de parking. Une partie du centre ville étant vouée à cette activité et interdite aux véhicules, la circulation est très embouteillée dans toute l’agglomération ce jour-là. « Le mercredi, c’est terrible ! » grognent les automobilistes. C’est que cet événement attire un grand nombre de personnes, venues de loin, bien au-delà de la ville, que ce soit les acheteurs ou les vendeurs.

Le marché se divise en deux principales parties : sous le marché couvert et ses environs, les forains proposent des denrées alimentaires tandis que plus loin, à partir de la place Carriat, sont disposées diverses autres marchandises : vêtements, chaises, tondeuses, matériel de cuisine, merceries, rempailleurs, etc. A titre indicatif, le mercredi 25 octobre 2000, parmi les forains de l’espace réservé à l’alimentaire, ont été dénombrés une cinquantaine de primeurs et producteurs fermiers dont certains sont spécialisés (dans les courges par exemple), sept crémiers, huit charcutiers ou bouchers dont une boucherie chevaline et une spécialisée dans les volailles, un poissonnier, trois boulangers, trois marchands d’épices, herbes et tisanes, quatre de saucissons et fromages, un vendeur de miel, un de bonbons et gadget pour enfants, un banc de produits frais exotiques, quelques bancs de champignons, un de produits fins et une douzaine de fleuristes dont certains, en cette veille de la Toussaint ne vendaient que des chrysanthèmes. Le « marché couvert » étant en restauration, un chapiteau, recevant les productions de la basse-cour, avait été aménagé. Il s’y trouvait les bancs proposant des oeufs, quelques fromages fermiers, des lapins et volailles vivants ou morts (poulets de Bresse ou fermiers, canards, oies, pigeons, pintades, etc.) ainsi que des animaux de compagnie. A côté, sous un plus petit chapiteau, le Service d’inspection et vérification des champignons de la ville de Bourg, à la disposition des cueilleurs amateurs, exposait quelques spécimens.

Si globalement, ce marché ressemble à n’importe quel autre, une observation plus attentive fait apparaître des différences : chaque marché est le reflet d’une situation sociale et culturelle particulière. Ainsi, les bancs traduisant les pratiques de consommation, il n’est pas surprenant qu’en Bresse, les crémiers et les bouchers-charcutiers soient prépondérants par rapport aux poissonniers. Est également remarquable la diversité des courges en cette saison (musquées de Provence, rouge vif d’Etampes, melone, potimarron, de nombreuses coloquintes de décoration, quelques courges à cochon et de très rares courges à confiture, etc.) ainsi que la fréquence de nombreuses variétés de haricots en grains ou de pigeons. La présence de ces productions indique les préférences alimentaires locales et marque la différence avec les marchés forains d’autres régions. D’ailleurs, celui décrit par Michèle de La Pradelle dans son ouvrage Les vendredis de Carpentras ne s’apparente que sur certains faits à celui de Bourg-en-Bresse, différant largement sur d’autres. Si de nombreuses relations sociales, décrites par cet auteur, sont similaires en Bresse, cette étude ne peut pas vraiment rendre compte de la réalité bressane. A titre de comparaison, l’économie paysanne, toujours présente en Bresse et encore marquée par la polyculture, a depuis longtemps disparu dans la région de Carpentras234, si bien que, contrairement à Bourg-en-Bresse où ils sont nombreux, les producteurs fermiers sont très rares sur le marché de cette seconde région. A l’inverse, le tourisme, considérable dans le sud de la France, est peu présent, surtout hors saison, dans le département de l’Ain. Ainsi, malgré l’appel de Comité départemental du tourisme de l’Ain, qui dans sa brochure235, fait référence à Bourg-en-Bresse qui « ‘s’anime chaque mercredi et samedi, jour du marché traditionnel ’», celui-ci est essentiellement fréquenté par des locaux, souvent originaires de la campagne, tandis qu’à Carpentras, les étrangers occupent une place décisive et participent intimement à son déroulement. Par conséquent, la présentation des produits sur les bancs diverge forcément : en Bresse, les mises en scène sont moins élaborées.

Notes
234.

Michèle de La Pradelle, 1996, p.178-179.

235.

« Entrez dans la confidence », brochure de 24 pages, éditée en couleur par le Comité départemental du tourisme de l’Ain et la Centrale départementale de réservation « Gîtes de France-Loisirs accueil », p.13.