Mercredi 21 octobre : réduction du jus de pomme

L’étape suivante, qui se déroule au même endroit que la précédente, consiste à réduire le moût de pommes préparé la veille. Pour cela, après l’avoir versé dans un grand chaudron d’une contenance de 160 litres, les hommes préparent, à côté du hangar, un foyer au-dessus duquel ils l’installent. Pour éviter que le récipient en cuivre ne se déforme, ils prennent soin de déposer entre son fond et le trépied sur lequel il repose une épaisseur de terre et de mousse. Jean enfonce une petite baguette de bois pour mesurer le niveau total du liquide et prend des repères. Afin de permettre la réduction, il faut, une fois l’ébullition atteinte, la maintenir en permanence. Joseph, retraité de la scierie voisine, s’occupe de l’approvisionnement en bois : régulièrement il fend des bûches et les dépose dans le foyer. Plus tard, deux autres chaudrons de jus de pommes seront disposés sur de nouveaux foyers, à côté du premier. Ils subiront le même traitement.

En début d’après-midi, les hommes recommencent la première chaîne opératoire : cette fois-ci ils pressent des pommes de la variété camion que Jean a ramassées dans son verger. Il y en a près de 250 kg. Lorsque le moût est pressé, chacun s’en sert un petit verre pour le goûter. Tous le trouvent plus doux que le précédent et notent sa couleur plus sombre. Une partie de ce moût sera conservée pour une autre manifestation de la même association, tandis que le reste sera également réduit sur le feu. Jean débarrasse le pressoir du marc de pommes : il en porte une petite quantité à un voisin qui la donnera à ses vaches, mélangée avec de l’ensilage et déversera le reste dans les bois pour nourrir les sangliers. S’il pousse des plans de pommiers, certains iront en récupérer.

Vers 17h30, Jean enfonce à nouveau la petite baguette de bois dans les chaudrons : le niveau a diminué au tiers. Les organisateurs notent également que la couleur s’est assombrie. Prenant en compte, les quelques transvasements qu’ils ont effectués pour adapter le volume de chacun des chaudrons à la vigueur respective des foyers, ils estiment que la réduction est suffisante. La cuisson arrive à sa fin ; ils arrêtent alors d’alimenter les feux et attendent que les contenus ne bouillent plus. Lorsque les chaudrons ont suffisamment refroidi, ils les portent à deux dans la grange et les déposent sur un lit de paille pour éviter qu’ils ne se déforment. Ils doivent être attentivement surveillés pour prévenir tout risque d’incendie. Une fois refroidie, la réduction sera à nouveau versée dans les grands barils en plastiques.

A plusieurs moments de la journée, des amis et parents, informés de l’activité, sont passés pour discuter et profiter de l’ambiance chaleureuse qui caractérise ce moment. En effet, l’essentiel du temps étant consacré à surveiller les chaudrons, les membres de l’équipe disposent d’une grande liberté de paroles, et dans une moindre mesure, d’actions. Les discussions sont nombreuses et variées : les nouvelles à propos des connaissances communes sont échangées, les blagues se succèdent, ainsi que les plaisanteries. Cette activité collective se déroule dans une atmosphère de détente : une bouteille de vin est ouverte de temps en temps ; à midi, les uns et les autres s’invitent à tour de rôle, par petits groupes, laissant les autres surveiller ; chacun s’absente, si besoin, pour revenir ultérieurement. Ainsi, avant de se quitter, les personnes présentes ont profité de la chaleur des foyers pour faire griller des marrons, qu’elles ont mangés ensemble autour du feu.