Jeudi 22 octobre : plumer et quartiser les poires

Alors que l’activité d’extraction et de réduction du jus se poursuit dans le hameau de Pommier, une autre activité se met en place ce jour-là. Cette opération technique consiste à préparer les poires, c’est-à-dire à les peler, les couper en quart et les épépiner. Elle est réalisée par d’autres bénévoles, des deux sexes, dont le nombre s’élève à une vingtaine. Le rendez-vous a été fixé à 19h30 à la ferme de la Claison, sur le site de la Maison de Pays en Bresse, pour « plumer les poires ». Les participants arrivent un à un dans la grande salle de réunion et s’installent autour des tables les uns à côtés des autres. Chacun a amené son matériel : un couteau et/ou un économe, un torchon ou un tablier pour s’essuyer les mains de temps en temps. Les caisses de poires, de variété Alexandrine, achetées à un grossiste, ont été livrées la veille et entreposées dans un coin de la salle. Un homme se charge d’approvisionner régulièrement les travailleurs en leur versant les poires par dizaines sur les tables alignées. Les premiers arrivés ont commencé à éplucher les poires tandis que les plus tardifs s’attachent à les « quartiser » c’est-à-dire à les couper en quart et leur enlever les pépins et les queues. De nombreux participants se réjouissent de la nature des fruits, faciles à éplucher. L’année précédente, ils étaient très mûrs et s’écrasaient si bien que le travail était beaucoup plus contraignant. D’autres notent que ces variétés de grosses poires sont de toute façon plus commodes que les petites poires utilisées autrefois pour la paria. Au fur et à mesure, deux hommes ramassent les quartiers de poires préparés et les transportent à l’aide de grands seaux en plastique dans un hangar de la ferme où ils les étalent en couche épaisse sur une grande table.

Là aussi, les discussions vont bon train. Les uns se moquent de la façon de travailler de certains, plaisantant sur le temps qu’ils mettent ou l’épaisseur des pelures (« il ne reste plus qu’une toute petite poire ! »). D’autres rivalisent en vitesse et efficacité ou cherchent à ne produire qu’une seule pelure par poire. Certains phrases sont énoncées en patois, probablement plus pour rappeler la dimension traditionnelle de cette opération et accentuer la nostalgie que par véritable nécessité. Elles sont d’ailleurs souvent traduites dans la foulée par celui qui les exprime.

Vers 22h 30, le travail prévu pour la soirée se termine : sur la tonne de poires achetées, deux cents kilos ont été pelés. Pendant le nettoyage de la salle, quelques femmes préparent des boissons : café, eau-de-vie ou jus de fruits sont proposés aux participants. Avant de se séparer, tout le monde se renseigne sur la suite des événements et l’heure des prochains rendez-vous. Cette activité reprendra le lendemain et le surlendemain avec une participation de bénévoles de plus en plus élevée.