Les courges cultivées dans de nombreux jardins bressans sont de plusieurs espèces : les courges à cochon appartient à l’espèce Cucurbita pepo L., la melone est une Cucurbita maxima Duchesne, la courge à confiture est en réalité une variété de pastèque, Citrullus lanatus Matsum et Nakai. A ces variétés traditionnelles, est venue s’ajouter la courgette (Cucurbita pepo L.) et depuis récemment le potimarron (Cucurbita maxima Duchesne)329.
Le terme de base « courge », souvent ainsi employé seul, désigne généralement en Bresse rurale la variété autrefois la plus répandue, celle qui est également appelée « courge à cochon ». Le déterminant « à cochon » rappelle que sa consommation était partagée avec les animaux de la ferme. Dans le proche Revermont où, d’après plusieurs informateurs, les porcs n’occupaient qu’une place secondaire par rapport aux ruminants, cette variété est parfois appelée « courge à vaches ». L’absorption de la même nourriture que les animaux dérange a priori quelques informateurs qui hésitent à employer ce qualificatif, surtout au cours de discussions avec des personnes étrangères. Ils utilisent d’autres déterminants pour préciser la variété à laquelle ils font référence : « la courge ordinaire » (ce qui confirme sa prépondérance), « la courge de pays », « la courge d’autrefois », la « courge de maïs » (se référant à la culture associée des courges, du maïs et des haricots dans le système agricole traditionnel). Néanmoins, aucun n’est surpris par l’emploi du déterminant relatif aux animaux et la plupart reconnaissent l’utiliser.
Le terme vernaculaire « melone », couramment employé par les Bressans, est souvent traduit pour les interlocuteurs extérieurs par celui de « potiron ». Néanmoins certains distinguent ces deux courges : « le potiron est un peu sucré, c’est énorme, ça fait de gros bourrelets, ça peut devenir très gros. La melone, c’est pas bien pareil. Elles sont petites. Les melones c’est pas gros. Mais c’est à peu près le même goût. Mais le gros potiron, non, moi je ne connaissais pas avant ». En fait, il semble que le terme de melone désigne des variétés différentes : « ‘y en a plusieurs sortes, il y en a des petites et y en a des vrai grosses’ 330 ». Probablement que certaines personnes emploient également ce terme vernaculaire pour désigner la courge musquée, Cucurbita moschata Duschesne.
Quant aux « courges à confiture », elles sont bien entendu ainsi désignées en raison de la principale recette culinaire qui leur était réservée. Il a parfois été entendu le terme, très proche, de « courge à gelée » et celui, explicatif de « courge à faire de la confiture ».
Agnès Ducaroy, Christiane et Roger Badoux, 1987, p.16-19.
« Vrai », qui remplace les adverbes « très » ou « vraiment », est une tournure très courante en Bresse.