L’élevage de porcs pour l’auto-consommation

Les Bressans soulignent inéluctablement la présence d’un ou quelques porcs dans toutes les fermes : « on élevait toujours un cochon ». Le fait que cet animal soit prioritairement cité parmi les animaux domestiques, au détriment des chèvres, des lapins ou des volailles autres que les gallines qui ne sont jamais spontanément évoqués, révèle l’importance qu’il a représenté dans le système agricole et alimentaire local et la place qui lui est encore accordée dans les mémoires. Ce souvenir a d’ailleurs été transmis aux jeunes générations qui racontent à leur tour l’étendue, autrefois, de cette pratique d’élevage. Pour appuyer son propos concernant l’importance dans le passé des porcs en Bresse - région dont il n’est pas originaire -, un trentenaire fait appel à son sens de l’observation : « ‘en Bresse ça a toujours été le cochon partout, tout le monde faisait son cochon là. [...] En Bresse, chaque ferme, tu regardes, y a des loges à cochon. Tandis que tu regarderas en haut, comme à Simandre, [dans le Revermont], chez mes parents, il n’y avait pas de loges à cochon. [...] Ici [en Bresse], y a un bâtiment de four et y a les loges à cochons’ ». Suit alors la description des diverses loges à cochons dans les fermes voisines et la manière dont chacun les a transformées pour une utilisation actuelle : un garage pour la voiture, un rangement pour des sacs, un abri pour un chien, des lapins ou des vaches.

L’élevage de porcs pour la commercialisation est rarement évoqué par les Bressans. Les réminiscences portent plus systématiquement sur l’auto-consommation. Dans les souvenirs, le porc est avant tout l’animal nourri pour la consommation domestique : « ‘tous les hivers, ils tuaient un porc, suivant l’importance de la famille, un porc ou deux, ça dépend. Au saloir, allez, hop ’». En raison de l’importance des porcs dans l’alimentation, les récits des Bressans convergent autour de l’abattage du porc et des pratiques qui y sont attachées.