Le civier et le boudin

Concernant le civier, les consommateurs se souviennent d’une fabrication particulièrement longue. De plus, étant donné l’importance accordée actuellement à la taille des morceaux pour différencier les fabrications domestiques des fabrications commerciales, il n’est pas surprenant que tous insistent sur cette caractéristique de la découpe de la viande : « ‘quand on faisait le civier, on y coupait en petits morceaux comme le pouce à peu près’ ». A nouveau, cet exemple montre comment la mémoire sélectionne les souvenirs et insiste sur certains aspects en fonction de critères contemporains. Néanmoins, concernant ce produit, les souvenirs les plus lointains se mélangent intimement avec les plus récents, les interlocuteurs n’employant que rarement l’imparfait. Ici, peu d’anecdotes sur les parents ou les grands-parents viennent ponctuer la profondeur historique de ce produit.

La composition du boudin est souvent précisée par les Bressans : « ‘on mettait, on faisait cuire un petit peu de riz, on mettait des épinards quand on en avait, c’était très bon, ils aimaient bien quand on mettait des épinards, du persil, qu’est-ce qu’on mettait ? des oignons, beaucoup de crème. Oh toujours de la crème quoi ’». En effet les interlocuteurs n’omettent jamais de citer ni la crème ni le riz ou éventuellement la semoule, cuits dans du lait puisque à Saint-Etienne-du-Bois, l’un ou l’autre était employé dans la fabrication : « ‘c’était peut-être une histoire de goût. Y en a bien qui ne mettaient pas de riz et qui mettaient de la semoule’ ».