Les courges

La courge, cultivée dans la plupart des jardins potagers de la région, est parfois citée parmi les aliments caractéristiques de la cuisine bressane, sans pour autant prendre la forme d’un emblème. C’est essentiellement auprès des personnes âgées qu’elle bénéficie de ce statut, surtout si elle est cuisinée en gratin : « ‘c’est un plat très courant, le plat de courge, on en mange beaucoup en Bresse ’». D’ailleurs, mes hôtes, précédemment cités, ont prévu entre le plat de gaudes et les tartines de fromage fort grillées un gratin de courge, « ‘parce que c’est bien bressan ’». Ils s’inquiètent de savoir si j’en ai déjà mangé. Mais habituellement, ce plat n’est jamais servi aux invités, qu’ils soient de passage ou de la région. Il ne viendrait pas à l’idée de servir un plat de courge pour faire découvrir la cuisine locale lors d’un repas d’apparat. D’ailleurs, parmi les personnes plus jeunes, rares sont celles qui considèrent la courge comme un légume régional. D’ailleurs, auprès de cette génération, la substitution de nouvelles variétés à la courge à cochon rend cette consommation moins spécifique à la région. Quant au gratin de courge sucré, bien particulier, il ne fait pas non plus l’objet d’une revendication explicite de la part des Bressans. Seule transparaît à travers la consommation de courges à cochon, l’appartenance au monde agricole par opposition aux variétés du commerce qui sont préférées par les citadins et les ruraux les plus éloignés du milieu agricole (Cf. Chap. 1.3.2.).