5.4. Fêtes publiques, entre sociabilité interne et patrimonialisation des productions locales

Durant toute l’année, se déroulent dans les communes de la Bresse, diverses manifestations qui prennent l’aspect de fêtes ouvertes à un large public. Ces manifestations, souvent appelées « fêtes de ... », prennent des formes et des significations variées, recouvrant des réalités fort différentes. Cependant, quelles qu’elles soient, la nourriture y est généralement présente, soit sous la forme de dégustations, soit sous celle de ventes d’aliments, de repas ou encore, très souvent, parce que c’est une production alimentaire qui est l’objet central de la manifestation. La fréquence et l’ampleur de ces manifestations rendent ce phénomène incontournable : fête du boudin à Manziat, fête du poulet de Bresse à Bény, mais aussi à Saint-Nizier-le-Bouchoux et à Vonnas, fête du vincuit à Saint-Trivier-de-Courtes, fête de la paria à Saint-Etienne-du-Bois, la Saint Cochon à Bourg-en-Bresse, les Glorieuses de Bresse à Bourg-en-Bresse, Louhans, Montrevel-en-Bresse et Pont-de-Vaux, le marché des fruits d’automne à Cuisiat, la fête de l’andouillette à Curciat-Dongalon, la fête de la crêpe à Vonnas, la soirée bressane du poulet à Saint-Etienne-du-Bois, le fête de la courge à Boissey, pour les plus renommées. A ces manifestations entièrement vouées à un ou des aliments, il faut ajouter celles dont l’activité principale ne porte pas sur une production alimentaire mais pour lesquelles la nourriture occupe une place néanmoins centrale (vente de productions, repas bressan, dégustation de produits, etc.) : la fête de l’attelage à Saint-Etienne-du-Bois, la foire bressane à Coligny, la fête des fleurs à Saint-Julien-sur-Reyssouze et la fête des métiers d’autrefois à Mézériat. Cette énumération suffit à prouver la fréquence de ces événements, dont le nombre tend à augmenter ; certains n’ont d’ailleurs que quelques années d’existence. Peu nombreuses pendant les demi-saisons, ces manifestations se déroulent essentiellement en hiver et en été. D’ores et déjà, nous pouvons à nouveau constater la prééminence de la volaille (fêtes du poulet, Glorieuses).

Face à cette profusion, il convient de s’interroger sur la place accordée aux productions alimentaires locales au sein de ces fêtes publiques. Quelles sont celles qui sont retenues pour être mises en scène lors de ces manifestations ? Font-elles l’objet d’un processus patrimonial ? Servent-elles avant tout de vecteur à la sociabilité interne ?

Le nombre de fêtes et manifestations qui intègrent des pratiques portant sur des productions locales ou plus largement de la nourriture sont si nombreuses en Bresse que nous ne pouvions toutes les développer. Nous en avons retenu cinq en raison de leur diversité tant en terme d’objectif que d’organisation ou encore de public concerné : le marché aux fruits d’automne de Cuisiat, la fête de poulet de Bresse à Bény, la Saint-Cochon à Bourg-en-Bresse, la fête de la paria à Saint-Etienne-du-Bois, les Glorieuses de Bresse. Elles constituent en fait des catégories, les autres manifestations s’apparentant à l’une ou à l’autre. Chacune a été observée plusieurs années de suite afin d’en suivre les évolutions.