Relance d’une activité rurale

« ‘C’est la remise à l’honneur d’une vieille coutume bressane’ » déclare le Président de l’association à propos de la fête de la paria. En effet, cette manifestation consiste en la relance d’une technique traditionnelle qui avait disparu. Elle reprend et interprète cette activité remarquable de la vie rurale bressane telle qu’elle se déroulait dans les années cinquante, remarquable au sens où elle a la capacité à évoquer le passé du groupe et susciter des représentations collectives. Cette pratique technique, nous l’avons vu, est chargée d’histoire et témoigne du mode d’existence bressan d’autrefois. Elle est dès lors pourvue d’une dimension nostalgique et sert de vecteur à un discours commémoratif : « ‘pour beaucoup, on avait un peu la nostalgie de cette fête qui avait un caractère intime, qui avait un caractère convivial, sympathique, entre voisins on s’amusait’ ». La fête de la paria est l’occasion d’exprimer ses souvenirs, de relater ses propres expériences : c’est à ce moment que sont racontées les histoires incontournables rapportées précédemment et qu’est donc activée et entretenue la mémoire collective relative à cette activité. Cette fête provoque chez de nombreux visiteurs le même sentiment que chez les organisateurs : beaucoup se souviennent de cette fabrication à laquelle ils ont assisté durant leur enfance. Ainsi, ce processus patrimonial, cette revitalisation d’une activité du passé, mobilise des personnes qui viennent participer à la construction d’une mémoire collective autour de cet aliment.

Un certain nombre de détails, évoquant le passé, sont sollicités pour accentuer cette démarche commémorative : la musique et la danse folkloriques participent à l’animation ; pour conserver la paria des jarres en grès, retrouvés chez certains organisateurs, sont utilisés le dimanche, jour de la fête alors que ce sont des récipients en plastique qui servent les jours précédents ; la visite des anciennes fermes projette les visiteurs dans un passé lointain, etc.

Par le biais de cette manifestation, les organisateurs cherchent à conserver et transmettre cette fabrication traditionnelle. Les savoir-faire relatifs à cette pratique technique de conservation des fruits n’étaient plus maîtrisés que par quelques personnes. Lors de cette fête, celles-ci étant entourées d’assistants plus jeunes, qui d’année en année perfectionnent leurs connaissances, le savoir collectif s’est désormais élargi à un plus grand nombre. Cette manifestation est donc assortie d’une logique de conservation patrimoniale.