1.2.1. Du recensement général de la population...

Le recensement de 1990 (comme les précédents...) tel qu’il a été construit et traité, ne favorise pas le recensement ‘‘rigoureux’’ des personnes vivant seules. Il contribue plutôt à sous-estimer leur nombre. Cette sous-estimation a notamment pour cause la définition du ménage retenue par l’Insee, qui tend à exclure certaines catégories de ménages qui auraient pu éventuellement être considérées comme des ménages d’une personne : «‘on appelle ménage l’ensemble des occupants d’un même logement (occupé comme résidence principale), quels que soient les liens qui les unissent. [...] Toute personne résidant la plus grande partie de l’année dans un logement doit être recensée dans ce logement, qui constitue sa résidence principale, et elle ne doit pas être recensée dans un autre logement’» 23 .

Ainsi, les individus qui ont une double résidence (par exemple ceux qui occupent seul un logement indépendant la semaine du fait de l’éloignement entre leur domicile et leur lieu de travail) sont rattachés à leur résidence principale. Ils constituent pourtant des ménages d’une personne, au moins une partie de la semaine. Leur cadre de socialisation et d’échanges sociaux se situe pour une part ailleurs que dans le contexte environnemental de leur résidence principale. Ceci n’est pas sans conséquence, aussi bien pour l’individu concerné que pour sa famille. Les implications peuvent être multiples et toucher des dimensions importantes de la vie quotidienne : organisation domestique, relations entre les membres de la famille, relations amicales et familiales, rapport au travail, activités hors travail, etc.

Pour pallier ce problème, l’Insee a introduit lors du recensement de 1990, une nouvelle catégorie de logements : «les logements utilisés occasionnellement» 24 . Leur part est de 1% en 1990. Si l’introduction de cette catégorie a été jugée très intéressante, elle a créé des difficultés au moment de la collecte des informations : les individus ont associé cette catégorie à celle des «résidences secondaires» (pourtant présente par ailleurs). De ce fait, les résultats qui ont été diffusés, présentaient une catégorie commune rassemblant «logements occasionnels» et «résidences secondaires». Pour le recensement 1999, des précautions ont été prises et une autre formulation s’est imposée : «logement utilisé comme habitation pour des raisons professionnelles par une personne ayant sa résidence ailleurs».

Un autre point contribue à la sous-estimation du nombre des ménages d’une personne : la population considérée comme hors ménage qui apparaît peu dans les statistiques. En effet, elle rassemble des personnes vivant en communautés (foyers de travailleurs, cités universitaires et foyers d’étudiants, maisons de retraite et hospices, hôpitaux, communautés religieuses, centres d’hébergement et d’accueil, etc.) dont certaines pourraient être considérées comme des ménages d’une personne 25 .

Enfin, le recensement des étudiants pose aussi des difficultés : certains sont parfois déclarés par leurs parents (ou se déclarent eux-mêmes) comme résidant au domicile familial, alors qu’ils habitent, au moins une partie de la semaine, un logement indépendant sur leur lieu d’études.

Notes
23.

« Le recensement de la population 1999. Préparation (I) », Insee Méthodes, n°79-80, pp. 198-199.

24.

L’introduction de cette catégorie révèle à elle seule l’importance du phénomène.

25.

Une partie des personnes vivant en communautés est considérée comme des « doubles comptes ». Il s’agit des personnes comptées deux fois, dans deux communes différentes. C’est le cas notamment des personnes vivant en foyers de travailleurs ou cité universitaire et qui ont déclaré leur adresse personnelle dans une autre commune que celle de la collectivité dans laquelle ils vivent. Les « doubles comptes » ne font pas partie de la population des ménages.