2.3. Une dominante : un logement vécu comme provisoire

Si des différences objectives différencient les habitants et notamment les actifs et les étudiants, plusieurs caractéristiques communes les rassemblent.

Les habitants à double résidence sont très nombreux : huit habitants sur dix ont un autre lieu d’habitation qui dans 70% des cas se situe hors de la région Rhône-Alpes.

Les habitants sont en situation de mobilité résidentielle et géographique. Pour huit habitants sur dix l’arrivée au sein des résidences coïncide avec l’arrivée à Lyon et plus largement dans le département du Rhône.

La plupart vivent un moment de transition biographique. Pour les actifs à double résidence, pour ceux à résidence unique délocalisés pour raisons professionnelles, et pour les étudiants, il y a transition car passage d’un lieu de vie à un autre et passage d’une activité professionnelle à une autre (passage du statut d’élève à celui d’étudiant pour les étudiants). Pour les divorcés, cette transition est liée à un changement familial : passage de la vie de famille à la vie ‘‘solitaire’’.

Ces caractéristiques dominantes donnent sens à leur présence dans les lieux comme influencent le rapport qu’ils entretiennent avec leur logement : il est principalement considéré comme un logement provisoire.

Plusieurs indicateurs permettent de saisir le rapport que les habitants entretiennent avec leur lieu de vie (représentations des lieux, activités pratiquées, caractéristiques de l’aménagement, relations de sociabilité qui s’y actualisent, projets de déménagement, etc.). Notre recherche ne visant pas à expliquer et comprendre le rapport aux lieux mais les modes de coexistence entre les habitants (même si bien sûr les secondes sont pour une part dépendantes du premier) nous nous centrerons ici sur les éléments principaux permettant d’illustrer que ce logement est perçu comme provisoire. Nous aborderons donc sommairement les points suivants : le sens qu’il lui confère, les projets de déménagement. Ces différents points, ainsi que d’autres visant à mieux appréhender le rapport aux lieux, seront mobilisés lorsqu’il s’agira de saisir le rôle qu’ils jouent dans la configuration des relations entre étudiants et actifs.

Si la plupart des habitants sont globalement satisfaits de leur logement, la plupart ne sont pas attachés aux lieux qui représentent avant tout un lieu de passage.

Comme le soulignent ces différents extraits, le logement occupé au sein des résidences est souvent considéré comme un pied-à-terre, un lieu de vie provisoire.

Les habitants sont présents depuis peu dans les résidences puisque l’ensemble des habitants interrogés par entretiens y habitent depuis moins de deux ans et un peu plus de la moitié depuis moins d’un an. De plus, deux habitants sur trois ont le projet de quitter les lieux. Parmi eux, deux sur cinq pensent les quitter dans moins de trois mois et trois sur cinq dans moins de six mois. Pour les autres, le départ va de soi, mais la date est encore indéterminée. Les non-étudiants émettent plus souvent le vœu de déménager que les étudiants. Cependant, les étudiants savent plus souvent précisément à quelle date ils vont quitter les lieux (fréquemment à la fin de l’année universitaire).

Le logement occupé au sein des résidences est particulièrement envisagé comme provisoire par les habitants à double résidence (actifs et étudiants), leur véritable lieu de vie étant ailleurs. Ils représentent, rappelons le, 80% de la population interrogée par entretiens.