1.6. Des espaces communs inégalement investis selon les catégories d’habitants

L’existence d’espaces communs au sein des résidences (laverie, salle de télévision, etc.) invite à nous intéresser à la façon dont les habitants s’approprient ces espaces et surtout à la vie relationnelle qui s’y développe.

Les travaux de recherche visant à déterminer les effets de l’aménagement de l’espace (et surtout des réalisations innovantes) sur les relations entre les habitants, montrent que ceux-ci sont plutôt limités 183 . Ils raviveraient même les tensions entre les habitants plutôt qu’ils ne favoriseraient une coexistence harmonieuse.

L’une de ces recherches, dirigée par Ch. Moley 184 , avait pour objectif de cerner le rapport entre «pratiques et dispositifs spatiaux». Attention était portée aux deux formes principales pouvant induire des effets sur la sociabilité de voisinage. L’une concerne les espaces à tendance «communautaire» (par exemple une cour au cœur d’un îlot). La seconde se rapporte aux espaces de transitions : les dispositifs permettant le passage gradué du chez soi au dehors étaient envisagés comme autorisant «une micro-sociabilité contrôlée de voisinage». Ces différents types d’espaces ne favorisent pas véritablement les relations de voisinage.

Est également fait référence aux équipements collectifs dans une recherche menée par B. Dussart et N. Haumont 185 . L’échantillon retenu se compose de deux types d’habitat 186 comprenant une aire de jeux, une laverie, une salle commune de 80 m² utilisée pour les fêtes et un cellier (pour deux maisons). Peu d’informations précises sont données quant à la façon dont les habitants investissent ces équipements. Cependant, les conclusions des auteurs concernant les incidences de la configuration de l’espace sur les relations de voisinage sont intéressantes à souligner. Elles insistent essentiellement sur trois points. Le premier concerne la nécessité de ne pas confondre convivialité et promiscuité (la présence d’espaces ouverts ne favorise pas forcément les relations de voisinage). Le second se rapporte à l’articulation espace public-espace privé : «on va d’autant plus vers les autres qu’on peut, quand on le veut, s’isoler chez soi». Le troisième point insiste sur la nécessaire prise en compte dans l’analyse des caractéristiques socio-démographiques du voisinage : les relations sont d’autant plus importantes que le groupe est homogène.

Un compte rendu de recherche concernant «les services dans les résidences étudiantes» 187 est également paru en 1993. Ce rapport était a priori particulièrement intéressant pour notre recherche puisqu’il visait notamment à cerner le rapport que les étudiants entretenaient avec les espaces collectifs de leur résidence et à déterminer dans quelle mesure ils constituaient un espace de sociabilité. Cependant, il ne sous semble pas pertinent de mobiliser (à titre de référence) les résultats de cette recherche. Le rapport ne donne aucune précision concernant les caractéristiques socio-démographiques de la population des immeubles, la construction de l’enquête et de l’échantillon des personnes interrogées, les références bibliographiques et théoriques qui ont structuré le travail. De plus, l’enquête semble avoir été menée en étroite collaboration avec les gestionnaires des résidences.

Quel rapport les habitants des résidences entretiennent-ils avec les espaces communs ? Quelles sont les principales pratiques et représentations qui leurs sont associées ? Sont-ils fréquentés ? Cette fréquentation varie-t-elle selon les catégories d’habitants ?

Notes
183.

AUTHIER, GRAFMEYER, 1997, p. 31.

184.

MOLEY, 1990.

185.

DUSSART, HAUMONT, 1992.

186.

Un habitat collectif à Paris et un ensemble de maisons individuelles en banlieue parisienne.

187.

RATHIER, DESCHAMPS-RATHIER, 1993.