1.1. Des effets d’une approche catégorielle de la monorésidentialité

Les résidences auxquelles nous nous intéressons sont innovantes. En proposant une approche transversale de la monorésidentialité, elles rompent avec la façon dont a été envisagé jusqu’à très récemment le logement des personnes vivant seules, qui constituait une question, un enjeu, uniquement pour certaines catégories d’individus (personnes âgées, étudiants, jeunes travailleurs, travailleurs migrants).

L’approche traditionnelle de la monorésidentialité (approche catégorielle) n’est pas sans effet sur la configuration des relations entre étudiants et actifs.

Les conflits qui les opposent concernent la définition de l’habitant légitime. Le processus de stigmatisation des actifs renvoie à une forme de résistance des étudiants à l’encontre d’une autre façon d’appréhender le logement des monoménages : ils refusent de partager un bien résidentiel qui n’a jamais jusqu’alors été partagé. Au contraire, il s’agit pour les actifs d’imposer leur présence comme légitime.

Le pouvoir symbolique des étudiants est d’autant plus fort, que la légitimation de l’exclusion symbolique des actifs est favorisée par l’approche traditionnelle (catégorielle) de la monorésidentialité. Créditant le regroupement dans un espace résidentiel adapté, des individus appartenant à des catégories préalablement définies, elle impose comme incongrue le mélange de ces catégories (approche transversale).

L’illégitimité de la présence des actifs s’impose d’autant mieux comme évidente, que l’approche transversale de la vie ‘‘solitaire’’ implique d’autres ruptures.

Une rupture en ce qui concerne les catégories de monoménages auxquels il est traditionnellement fait référence. De nouvelles catégories sont ainsi introduites : des gens divorcés, célibataires, en situation de double résidence notamment.

Elle marque également une rupture avec une autre approche catégorielle : celle des âges de la vie. Les catégories de ménages d’une personne traditionnellement distinguées, se distribuaient aussi selon des classes d’âge relativement homogènes. Au contraire, coexistent au sein des résidences des individus aux âges diversifiés.