chapittre III : la carrière morale des actifs en tant qu’individus stigmatisés

A la fin du premier chapitre de cette deuxième partie nous avons montré qu’il y a processus de stigmatisation des actifs car le processus d’étiquetage s’accompagne d’un processus d’incorporation du stigmate qui produit des effets sur les relations que les actifs entretiennent avec les autres habitants (ambivalence des relations entre actifs) et sur leur rapport aux espaces communs (auto-exclusion des espaces de sociabilité). A ce stade de l’exposé, il s’agissait pour nous d’argumenter que les relations entre étudiants et actifs constituaient une configuration du type établis-marginaux. L’intériorisation de la stigmatisation par les actifs était donc principalement considérée comme un indicateur, une conséquence et la condition de leur exclusion symbolique. En s’alignant sur les normes en vigueur au sein des résidences, les actifs reconnaissent la légitimité du pouvoir symbolique des étudiants, en sont comme complices et contribuent à le faire perdurer.

Ayant, dans le chapitre précédent, porté notre attention sur les fondements de cette légitimité, l’objectif général de celui-ci est de deux ordres.

Il s’agira tout d’abord de déterminer le processus d’intériorisation de la hiérarchie des statuts. Comment les actifs incorporent-ils la configuration des relations en jeu dans les résidences ?

Deuxièmement, nous tenterons d’approfondir et d’affiner les effets que produit la stigmatisation sur les actifs, en nous intéressant à la façon dont ils la vivent, la gèrent et dont ils en sont affectés.