3. La résidence C : un rapport de forces particulièrement inégalitaire

Au sein de cette résidence, les étudiants sont plus particulièrement surpris de la présence des actifs. Ils contestent explicitement leur légitimité à habiter les lieux. Ils sont particulièrement déçus des relations qu’ils entretiennent avec les autres habitants. Selon eux, la présence des actifs contrarie les relations de voisinage qu’ils pourraient entretenir avec d’autres étudiants. Les actifs expriment quant à eux souvent le sentiment d’être atypiques. Rares sont ceux qui tentent de contester l’ordre établi.

Cette résidence est une résidence étudiante. L’objectif affiché des responsables est que la résidence accueille exclusivement des étudiants. La présence des actifs ne se justifie que dans le sens où elle permet d’occuper des logements vacants. Certains actifs en ont connaissance : ils déclarent eux-mêmes «boucher les trous».

Ainsi, si les étudiants contestent la présence des actifs, c’est pour une part parce que le statut de la résidence les y autorise tout particulièrement, et qu’elle constitue une rupture avec la vision qu’ils avaient a priori de la population (la présence des actifs a été dissimulée). A contrario, les actifs ne sont pas en position favorable afin de questionner l’ordre établi, et cela d’autant plus qu’ils sont souvent en situation de double résidence : leur vie personnelle et familiale est ailleurs, ils n’ont pas grand intérêt à renverser la hiérarchie des statuts.

La responsable de la résidence est présente en journée et habite l’immeuble la semaine principalement. Elle fait visiter les appartements, s’occupe de l’encaissement des loyers, et gère certains services. Par exemple, c’est à son bureau que les habitants se rendent afin de faire créditer leur carte de téléphone (il n’existe pas de ligne directe et indépendante). L’entretien des espaces collectifs (ménage, réparations éventuelles, etc.) est assuré par un couple.

Les relations que responsable et habitants entretiennent n’apparaissent pas jouer un rôle dans la configurations des relations entre étudiants et actifs. Elles sont rares et ne donnent pas lieu à des discussions particulières. Elles ne varient pas, au vue des informations possédées, selon la partition étudiants/actifs. La plupart des habitants déclarent se rendre ponctuellement au bureau (une à deux fois par mois) afin de régler leur loyer, créditer leur carte de téléphone ou effectuer quelques photocopies. Aucun d’entre eux n’a déclaré entretenir de liens étroits avec la responsable ou n’a fait référence à des discussions plus intimes.

Cette responsable travaillait depuis peu au sein de la résidence au moment de l’enquête. Les habitants font donc référence également au précédent responsable, un jeune homme d’environ vingt-cinq ans. Etudiants et actifs le présentent comme sympathique et accueillant. Les contacts apparaissaient plus cordiaux et fréquents qu’avec l’actuelle responsable et notamment en ce qui concerne les étudiants.