typologie par la microstructure

 La microstructure d’un dictionnaire bilingue comprend en général :

1. la tête de l’article. Dans un dictionnaire de thème on aura l’adresse suivie de sa catégorie grammaticale et d’autres informations grammaticales (comme la flexion) ; dans un dictionnaire de version l’adresse est souvent accompagnée de ses variantes graphiques et de sa prononciation ;

2. les traductions ou équivalents de l’adresse. Si l’adresse correspond à un élément polysémique, les équivalents sont numérotés ou divisés par un moyen typographique et l’entrée contiendra des indicateurs, des abréviations qui indiquent le niveau de langue ou le champ sémantique, etc., pour aider l’utilisateur à choisir la bonne traduction ;

3. les exemples, les collocations, les combinaisons phraséologiques, c’est-à-dire la partie où l’on montre le mot-vedette dans des contextes d’usage. 

(Marello 1996 : 42)’

Si l’on retrouve généralement les mêmes informations dans les différents ouvrages (la quantité et la qualité de celles-ci dépendent évidemment de la taille de l’ouvrage), c’est surtout dans la manière de les présenter que ces ouvrages vont se distinguer. Ainsi, la constitution des adresses va influencer la taille et la complexité des articles. Si l’adresse n’est constituée que d’un seul mot, certains articles vont être particulièrement longs : ce sera le cas des articles de mots polysémiques ou productifs de syntagmes lexicalisés. Les différentes acceptions d’une adresse polysémique sont généralement présentées les unes à la suite des autres, généralement de la plus fréquente à la plus rare, et sont numérotées. Quant aux syntagmes formés à partir du mot-vedette, ils apparaissent à l’intérieur de l’article. Ce type d’organisation de la microstructure, qui est largement inspirée des dictionnaires unilingues, est loin d’être le plus pratique pour l’usager. En effet, certains articles particulièrement longs sont pour le moins décourageants, et y trouver l’information recherchée tient presque du casse-tête. Si nous reprenons l’exemple du Dictionnaire portugais / français – français / portugais Domingos de Azevedo, ceci apparaît très clairement. Les verbes “ faire ” dans le volume français / portugais et “ fazer ” dans le volume portugais / français occupent chacun trois colonnes, et les dérivés syntagmatiques comme les locutions idiomatiques sont à tel point noyés dans une masse d’information qu’ils sont très difficilement accessibles.

Une autre solution d’organisation de la microstructure est celle qui consiste à “ dégrouper ” les adresses : on pourra avoir comme adresse un mot isolé ou un syntagme lexicalisé. Le dégroupement permet de réduire la taille des articles, et le dictionnaire y gagne certainement en lisibilité et en facilité de repérage, et ces qualités sont particulièrement importantes dans un dictionnaire bilingue. Marello souligne très justement que l’utilisateur d’un dictionnaire bilingue est souvent pressé, et que la rapidité avec laquelle il peut trouver une information est primordiale :

Les études expérimentales sur l’emploi des dictionnaires bilingues ont montré que l’utilisateur moyen arrête de lire l’article dès qu’il/elle trouve un équivalent à peu près convenable et ne poursuit pas sa recherche pour trouver un meilleur équivalent. Plus l’article est long, plus les équivalents sont éloignés de l’adresse par des contextes, plus le risque d’une telle pratique augmente .

(Marello 1996 : 43)’

Il nous semble donc que les rédacteurs de dictionnaires bilingues ont tout intérêt à considérer les syntagmes lexicalisés comme des unités et à en faire des adresses. D’un point de vue sémantique, cette conception est d’ailleurs parfaitement justifiable : un syntagme lexicalisé constitue une unité de sens, et peut très bien avoir pour équivalent dans l’autre langue un mot simple. Ceci se vérifie encore plus dans la lexicographie bilingue spécialisée, où les groupes syntagmatiques sont particulièrement nombreux. C’est d’ailleurs cette solution que nous avons adoptée pour notre propre travail (voir chapitre 5, en 5.3).