glose

le terme denúncia vazia peut être glosé [résiliation unilatérale (de la part du propriétaire) d’un contrat de location immobilier, autorisée pour les loyers anciens qui n’ont pas été réajustés]. Ce type de pratique n’ayant pas cours actuellement en France, l’équivalence passe nécessairement par une glose. De même, loja de conveniência doit être glosé [sorte de mini-marché ouvert 24 H /24, réservé à une clientèle à fort pouvoir d’achat], car il n’y a pas de terme équivalent exact en français pour désigner ce type d’établissement, très courant dans les quartiers chics des grandes villes brésiliennes.

Szende recensait, parmi les problèmes d’équivalence, le cas des unités lexicales équivalentes mais dont la charge culturelle, la connotation, est différente dans la langue de départ et la langue d’arrivée. Il est clair, par exemple, que les termes  inflação et [inflation] ont la même signification en portugais et en français, et qu’ils sont effectivement équivalents, mais ils n’ont pas la même charge culturelle, et nous dirions même affective, pour un Français, pour qui l’inflation reste une entité assez abstraite, et pour un Brésilien, qui souffre quotidiennement de ce phénomène. De même, confisco peut être rendu par [confiscation], mais cette simple équivalence ne suffit pas : il convient d’éclairer l’usager sur le fait que, dans un contexte brésilien, ce terme fait essentiellement référence au blocage des dépôts bancaires de mars 1990 (mesure destinée à freiner une inflation galopante, par la réduction brutale de la quantité d’argent en circulation). Ces différentes connotations et charges culturelles doivent donc être précisées afin de permettre à l’usager de saisir toute la portée sémantique du terme en langue portugaise.

Dans ce même domaine, certains termes de la langue de départ peuvent avoir divers équivalents en français, qui n’ont pas de relation de synonymie entre eux, et ne sont donc pas interchangeables. Par exemple, concorrência peut avoir pour équivalent [concurrence] ou [appel d’offres] ; faturamento peut avoir le sens de [facturation] ou [chiffre d’affaires]; nacionalização peut signifier [nationalisation] ou [taux d’intégration nationale]. Ces acceptions différentes d’un même terme en langue de départ ont pour équivalents des termes différents en langue d’arrivée, il convient donc de segmenter clairement chacune des acceptions du terme de départ, afin de permettre à l’usager de choisir l’équivalent correct.

Pour ce qui est des collocations, nous pourrions citer l’exemple de empréstimo, qui, employé avec le verbe “ fazer ”, a pour équivalent [emprunt] ( fazer um empréstimo  [faire un emprunt]), alors que précédé du verbe “ pedir ”, le terme équivalent est [prêt] ( pedir um empréstimo  [demander un prêt]). Quant à l’exemple déjà cité de concorrência, dans le sens de [appel d’offres], le terme s’utilise avec le verbe “ abrir ” (“ ouvrir ”) et non pas “ lancer ” comme son équivalent français.

Toutes ces illustrations nous ramènent à la même constatation : que ce soit dans un dictionnaire bilingue général ou spécialisé, l’équivalence entre langue de départ et langue d’arrivée ne va pas de soi, et le simple fait de fournir des paires d’équivalents n’est pas suffisant. Ainsi, l’équivalence terme à terme doit être complétée par d’autres informations. La microstructure minimale des dictionnaires bilingues gagnerait donc à être étendue.