2.2.2 Choix d’un corpus dans le cadre de notre travail

Le fait de travailler sur un corpus de textes nous a semblé une évidence dès le départ. En effet, nous souhaitions rendre compte d’une “ réalité ” de l’utilisation du langage économique au Brésil, afin de pouvoir cerner son éventuelle spécificité. D’une manière générale, la langue portugaise au Brésil est particulièrement “ active ”, elle évolue relativement vite (se démarquant ainsi de plus en plus du portugais du Portugal) ; compte tenu de la situation économique plutôt “ mouvante ” du pays, le langage économique devait refléter, peut-être plus que celui d’un autre domaine, cette dynamique de la langue. Notre intention n’étant pas d’établir une nomenclature du vocabulaire économique théorique (il existe déjà plusieurs ouvrages à ce sujet, unilingues ou multilingues), le choix de la presse comme corpus de travail s’est assez vite imposé.

Toutefois, la presse n’est pas un texte anodin, et ce choix conditionnait la suite de la recherche. Sinclair (1991 : 18) déclare que la presse n’est qu’une variante du langage et non pas un échantillon fiable de la langue. Ainsi, le Prof. Presgave Leite Soares, de la Faculté d’Economie de l’Université de São Paulo, qui a vérifié nos définitions, se montrant surpris face à l’utilisation de certains termes a déclaré : “ tout le monde sait que les journalistes ne savent pas écrire ”. Peut-être (combien de fois ne nous sommes-nous pas fait cette réflexion à la lecture d’articles de presse, brésiliens ou français), mais notre intention n’était pas de travailler sur le langage académique. La presse nous intéressait pour deux raisons : tout d’abord, parce qu’elle est un texte de communication, elle s’adresse à un grand nombre de gens, qui ne sont pas nécessairement spécialistes du domaine traité. Ensuite, quel texte mieux que la presse reflète l’actualité, le quotidien, les changements de situation ? Nous pouvons mentionner ici le projet “ Observatório de Neologismos Científicos e Técnicos no Português Contemporâneo ”, dirigé par I.M. Alves (de l’Université de São Paulo) qui, depuis 1988, observe les néologismes de divers domaines scientifiques dans un corpus de presse. Il serait toutefois intéressant de savoir quels sont les critères permettant d’identifier ces néologismes, et quelle est leur “ durée de vie ”.

La presse constituait donc pour nous un moyen de transmission d’information, d’analyse d’une situation parfois difficile à “ cerner ”. Comme nous l’expliquerons en 2.5.2, nous avons pu constater, par une comparaison entre les termes employés dans un ouvrage de type académique et ceux extraits de notre corpus, que le choix de la presse a été judicieux, car on retrouve les mêmes termes dans notre corpus et dans cet ouvrage pour décrire la même période et la même situation.